Devenu auteur par accident avec King Dave, solo coup-de-poing qu'il a joué de 2005 à 2009, le comédien Alexandre Goyette ressent désormais de la pression lorsqu'il reprend la plume. L'envie d'écrire une autre (bonne) pièce demeure, mais en attendant, il joue et sera du thriller Match chez Duceppe.

Il arrive en vélo. Nul besoin d'être un fidèle du Tour de France pour déduire que c'en est un bon. La preuve, Alexandre Goyette, que le grand public a découvert en «moron de banlieue» dans C.A., ne prend même pas la peine de traîner un cadenas avec lui. Il n'est pas question qu'il se sépare de sa rutilante monture.

Le comédien pratique le vélo de route depuis deux ans. Sébastien Delorme, avec qui il a joué dans La Promesse, l'y a initié. Les deux acteurs ont fait ensemble le trajet Montréal-Boston cet été. Pédaler, aller plus vite, plus loin, souffrir un peu, le vélo est la seule chose qui permette à Alexandre Goyette de faire le vide.

Le calme n'est pas le principal trait de caractère du jeune trentenaire. Il avoue plutôt un tempérament propice au stress et a longtemps été en proie à un trac presque maladif. En entrevue, il s'arrête parfois pour commenter ce qu'il vient de dire, inquiet de s'entendre énoncer des banalités.

«On voudrait tous trouver la super formulation, tout le temps, justifie-t-il. En même temps, il n'y a rien qui m'énerve plus que de lire un auteur et de sentir qu'il se force juste pour faire différent...»

Une plume qui a du poids

En écrivant King Dave, qui lui a valu les Masques du texte original et de l'interprétation masculine en 2005, Alexandre Goyette ne cherchait pas précisément à faire différent. Il voulait simplement écrire une pièce qui plairait à ses «chums qui ne vont jamais au théâtre», sauf pour le voir jouer, lui. «Pour me faire plaisir», ajoute-t-il avec un sourire en coin.

King Dave a eu une résonance qu'il ressent encore des années plus tard, lorsqu'il tente d'écrire pour le théâtre. «Là, j'ai un poids hallucinant sur les épaules, dit le comédien devenu auteur un peu par accident. Il y a une grosse différence entre un bon flash et une idée solide qui peut tenir la route pendant 90 minutes.

«J'ai écrit plein de morceaux et je me dis qu'une nuit, je vais me réveiller avec l'idée qui va me permettre de relier tout ça», ajoute-t-il. En attendant, il écrit pour le cinéma: une adaptation de sa pièce avec Podz et un scénario avec Christian Laurence (fondateur de Kino, Le journal d'Aurélie Laflamme). Et surtout, il joue.

Sur tous les plateaux

Un peu moins de 10 ans après sa sortie du l'École de théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe, Alexandre Goyette a pu tâter à un peu de tout. Il a décroché des rôles de soutien au cinéma (Le sens de l'humour, Les 7 jours du talion), des rôles plus importants à la télé (dans La promesse et dans C.A., qui lui a permis de faire évoluer un personnage mince en apparence) et a foulé les planches d'une foule de théâtre.

Il a été Jason dans Manhattan Medea à Espace Go au printemps, sera Titus dans une tragédie de Racine l'an prochain, mais jouera d'abord dans Match du dramaturge américain Stephen Belber (The Laramie Project), qui prend l'affiche cette semaine chez Duceppe.

En janvier il entreprend le tournage d'une série qui l'emballe énormément: En thérapie, adaptation québécoise de la série In Treatment, qui a connu un grand succès sur HBO. Il incarnera un militaire qui dirigeait une unité de blindés en Afghanistan et que l'armée accuse d'être responsable d'une erreur qui a coûté la vie à 16 enfants afghans.

Son personnage sera l'un des patients récurrents du psychologue joué par François Papineau. «Ce n'est que du jeu d'acteur, rien d'autre. Il n'y a pas d'effets de caméra, juste un patient face à son psy, précise-t-il avec enthousiasme. Ça, ça m'emballe!»