Rita Lafontaine, Francis Bourgea et David Marcel revisitent Les anciennes odeurs, un texte de Michel Tremblay qui a été boudé par les scènes montréalaises au cours des trois dernières décennies. La pièce sera présentée à partir de mardi au Studio-Théâtre de la Place des Arts dans le cadre des Célébrations de la fierté Montréal.

Jouée pour la première et dernière fois à Montréal en 1981 sur les planches du Théâtre de Quat'sous, sous la direction d'André Brassard, Les anciennes odeurs avait alors fait face à de mauvaises critiques. Mais Rita Lafontaine n'a pas eu peur de relever le défi et de s'attaquer au premier texte introspectif de l'oeuvre de Michel Tremblay aux côtés du duo Francis Bourgea/David Marcel, qu'elle a dirigé l'an passé dans La duchesse de Langeais.

«J'ai fait la connaissance de Francis en 2007. J'avais mis des ateliers sur pied pendant un été et ça se terminait par une production devant public. Lorsqu'on a eu terminé, Francis m'a dit que son grand rêve était de jouer La duchesse de Langeais. J'ai pris les devants en lui disant que je ne pouvais pas être la productrice, mais que s'il voulait je pourrais l'aider pour la direction artistique. Cette année, il voulait continuer sur cette lancée et jouer Les anciennes odeurs. C'est sa production et je suis très fière de lui», explique Rita Lafontaine.

«C'est un texte que j'ai découvert il y a environ 15 ans quand j'étais au cégep et j'ai trouvé que c'était un des plus forts de Tremblay, précise Francis Bourgea. C'est aussi l'un des plus simples et universels de son oeuvre. C'est avec beaucoup d'étonnement que je me suis rendu compte que personne ici ne connaissait la pièce. Pourtant, les personnages sont connus grâce aux romans Le coeur éclaté et Le coeur découvert et, en France, c'est une des pièces les plus jouées de Michel Tremblay. On reprend une pièce qui a eu une vie difficile et la pression est de la faire connaître, une génération plus tard.»

Le comédien incarne Jean-Marc, un professeur de cégep très aimé de ses élèves qui rêve, en vain, de devenir un auteur à succès. Il se trouve en pleine remise en question à l'aube de la quarantaine alors que son ex-petit ami, Luc (David Marcel), vient frapper à sa porte pour lui annoncer que son père mourant désire lui parler une dernière fois.

«Ça va réveiller des blessures que les deux hommes ont vécues lorsqu'ils étaient ensemble et la rupture refait surface. La pièce est en temps réel, c'est une heure trente dans leur vie», précise Francis Bourgea.

Plus sensuelle

Rita Lafontaine a choisi de placer Les anciennes odeurs sous le signe de la sensualité amoureuse toujours vivante au sein de ce couple séparé depuis plusieurs années.

«J'ai vu la première version de la pièce, mise en scène par Brassard. C'était différent. Il y a 30 ans, il avait choisi de ne pas mettre en lumière cet aspect charnel qu'il me plaît de ressentir. C'est un texte très fort, très beau, et j'y ai ajouté un côté plus sensuel. Pas seulement un aspect de sexualité, mais plutôt de beaux liens créés alors que Luc et Jean-Marc formaient un couple», précise Rita Lafontaine.

«Rita a voulu montrer la profondeur de leur relation, cette intimité qui est restée même quatre ans après la rupture, contrairement aux versions françaises beaucoup plus cérébrales», ajoute David Marcel.

Banaliser l'homosexualité

Les anciennes odeurs témoigne de la volonté de banaliser l'homosexualité qu'avait à l'époque Michel Tremblay en racontant une histoire qui pourrait être celle de couples de toutes allégeances sexuelles.

«C'est avant tout une histoire d'amour. J'ai préféré aller vers une espèce de réconciliation et d'écoute de la part de Jean-Marc et de Luc. Les liens se recréent, le personnage de Luc essaie la séduction alors que Jean-Marc est plus raisonnable, car toujours blessé par le passé.

«Mais l'amour prend le dessus et dans le texte, ça pourrait être une femme ou un homme. Quand on aime véritablement, même plusieurs années plus tard, les liens sont encore là. L'amour éternel, c'est ça», conclut Rita Lafontaine.

Du 9 au 13 août, au Studio-Théâtre de la Place des Arts.