L'un des problèmes de la communauté rom est l'absence de modèles. Comme les parents sont en général peu éduqués et que leurs compétences professionnelles sont limitées, ils demeurent souvent confinés à des boulots qui n'ont rien pour faire rêver leur progéniture. «Il est facile de les décourager, parce qu'ils n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes et pas d'exemple de réussite dans leur entourage», analyse Danilo Matijevic, coordonnateur de RPOINT en Serbie.

La discrimination généralisée envers les Roms a même un effet particulièrement pervers: ceux qui réussissent coupent souvent les ponts avec leur communauté d'origine. «Il y a des Roms qui sont éduqués, mais ils ne se disent pas Roms, ils se disent Serbes», assure Anita Kurtic, qui dirige le centre de soutien scolaire situé à Nis. Le mensonge, même s'il saute souvent aux yeux, fait l'affaire de ces Roms honteux de leurs origines ainsi que de leur nouveau milieu de travail ou de vie.

RPOINT aimerait renverser cette tendance. L'ONG souhaite que les jeunes qui profitent de ses initiatives de soutien scolaire ou qui participent à la comédie musicale GRUBB deviennent des modèles pour leur famille immédiate et leur voisinage. «Ce sont les jeunes qui changent leur milieu et leurs amis», croit Caroline Roboh, cofondatrice de RPOINT.

D'anciens participants aux ateliers de musique et de danse dirigent déjà des séances destinées aux plus jeunes. Anita Kurtic recrute quant à elle des Roms qui étudient en médecine pour offrir des conseils santé. Encore mieux, Nedzad Gasi, frère aîné du chanteur principal de GRUBB, Ibrahim «Bibi» Gasi, affirme vouloir envoyer sa fille de 10 ans aux ateliers dispensés à B.I.G.Z., à Belgrade. Tous les espoirs semblent permis.