L'adaptation du Bossu, de Paul Féval, avait déjà séduit les tout-petits à l'été 2009. C'était avec le Théâtre La Roulotte, dans les parcs de la ville de Montréal. Le comédien et metteur en scène Frédéric Bélanger avait habilement dirigé les finissants de l'École nationale et du Conservatoire, qui y tenaient leurs premiers rôles professionnels. Surtout, il avait réussi à créer, avec peu de moyens, un univers ludique original pour narrer cette histoire de cape et d'épée écrite en 1857.

Avec la nouvelle production présentée à Fred-Barry, qui vise un public adolescent et même «jeune adulte», Frédéric Bélanger réussit à mener encore plus loin sa petite équipe de comédiens, fidèles compagnons d'armes. Même s'il s'agit du même décor, des mêmes masques (de Louise Lapointe) et costumes, et essentiellement de la même mise en scène, le ton est plus mordant, le geste plus sûr, et l'humour plus affiné. Mercredi soir dernier, lors de la première, le public (assez âgé) s'est régalé.

Pourtant, l'histoire du Bossu n'est pas particulièrement comique.

Le duc Philippe de Nevers épouse secrètement la belle Blanche (Aurore dans le texte d'origine) avec qui il a d'ailleurs un enfant (également appelée Aurore). Mais le cousin de Nevers, un dénommé Gonzague, lui aussi amoureux de Blanche, décide d'assassiner le duc, en prenant soin d'accuser le jeune Henri de Lagardère, forcé à l'exil. Lagardère, fidèle à Nevers, fait le serment de venger son maître et devient le protecteur de l'enfant. Il réapparaît 17 ans plus tard dans l'entourage de Gonzague, déguisé en bossu, et tient promesse en le trouvant, puis en le tuant.

El publico

L'idée maîtresse des Aventures de Lagardère est d'avoir imaginé une famille de gitans pour nous raconter (nous, el publico) l'histoire du Bossu. La petite troupe de théâtre forain s'adresse directement au public avec un petit accent andalou, avant de commencer la représentation. Du théâtre dans le théâtre très efficace. De temps en temps, pendant la représentation, les personnages redeviennent gitans, ce qui permet de rajouter une couche d'humour.

Les comédiens sont tous solides, à commencer par Francis-William Rhéaume, très drôle, qui mène la distribution dans le rôle d'Alexandro, père de famille et interprète du duc. Sa présence très forte donne le ton et le rythme dans cette pièce qui compte cinq scènes de batailles à l'épée, magnifiquement rendues. Le jeune comédien est particulièrement bien épaulé par Alice Pascual (Blanche) et Alexandre Landry (Lagardère). Autre excellent flash: dans sa fuite, le jeune Henri de Lagardère se joindra à la famille de gitans où grandira la petite Aurore.

À la fin de cette lutte épique, qui rappelle la vengeance d'Edmond Dantès, Lagardère et Aurore tomberont amoureux et l'honneur du duc de Nevers sera sauf. Dans le style de la commedia dell'arte, Frédéric Bélanger multiplie les trouvailles faites de bric et de broc, comme ces deux balais transformés en chevaux. Hilarant. Sans temps mort, Les aventures de Lagardère nous donne l'occasion de découvrir, dans un grand éclat de rire, un classique de la littérature populaire.

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Jusqu'au 30 avril à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.