L'École nationale de théâtre a dévoilé, hier, les détails de sa production embouteillageS, spectacle déambulatoire qui marquera le 50e anniversaire de l'institution dirigée par Simon Brault.

Pour marquer le coup, la directrice artistique Denise Guilbault s'est inspirée d'un projet de l'auteure française Anne-Marie Liégeois pour concevoir ces embouteillageS, joués par les 70 étudiants de l'École à l'intérieur de 15 véhicules disposés dans le Hangar 16 des Quais du Vieux-Port.

L'exercice confié à Robert Bellefeuille relève de la pure folie. Le metteur en scène a réuni les textes de 26 auteurs québécois (dont Fanny Britt, Étienne Lepage, Olivier Kemeid, Michel Garneau, Olivier Choinière, Wajdi Mouawad, Yvan Bienvenu, etc.), qui ont été mis en scène par une dizaine d'anciens étudiants parmi lesquels Denis Bouchard, Alice Ronfard et René-Daniel Dubois.

«Nous voulions mettre en valeur les auteurs et metteurs en scène qui sont passés par l'École, explique Denise Guilbault. Nous avons choisi des extraits de pièces existantes, mais nous avons aussi passé des commandes à des étudiants (en écriture dramatique). Toutes ces scènes seront interprétées à l'intérieur de voitures, de fourgonnettes ou d'autobus placés en situation d'embouteillages.»

C'est ainsi que seront présentées, en deux parties d'une heure chacune, 15 scènes d'environ 15 minutes, jouées quatre fois par les comédiens. Les spectateurs, qui pourront choisir la voiture de leur choix, assisteront donc à 8 scènes sur 15 au terme de la soirée de deux heures. Mais jamais le public ne saura à l'avance de quel extrait il s'agit, les créateurs révélant l'auteur de la scène à la fin de chacune de ces courtes représentations.

«Ce sont des huis clos où l'acteur doit composer avec l'intime et l'imprévu», a précisé Robert Bellefeuille, qui a également réuni les étudiants en scénographie et en production, qui ont dû s'approprier le lieu avant de l'animer. Avec une contrainte importante: les voitures récupérées n'ont ni batterie, ni essence.

Pas banal

Hier, «des extraits des extraits» ont été présentés aux médias. On peut vous dire que le résultat n'est pas banal. Dans une petite voiture avec deux passagers assis à l'avant et deux sur la banquette arrière, une comédienne (assise derrière au milieu de nous) nous a interprété un extrait de La peau d'Élisa, de Carole Fréchette, en nous regardant droit dans les yeux... Nous avons également pu voir un extrait d'Émilie ne sera plus cueillie par l'anémone, de Michel Garneau, livré par trois comédiennes dans un autobus scolaire où nous étions huit spectateurs.

Parmi les autres textes choisis, mentionnons Rouge gueule d'Étienne Lepage, Coin Saint-Laurent de Fanny Britt, Being at home with Claude de René-Daniel Dubois, Cul sec de François Archambault, La nuit des p'tits couteaux de Suzanne Aubry, etc. «C'est une façon de découvrir notre dramaturgie», s'est réjouie Denise Guilbault, qui voulait «fêter le passé et le présent» tout en nous faisant «perdre l'équilibre». Et, pourrions-nous ajouter, en explorant le rapport et la promiscuité du comédien avec le spectateur. Un exercice qui s'annonce très prometteur.

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Du 21 au 23 avril, et du 26 au 29 avril, à 19 h 30. Et le 30 avril à 13 h. Au Hangar 16 des Quais du Vieux-Port. Réservations: 514-871-2224.