On ne gardera pas un souvenir impérissable de la première pièce de théâtre à laquelle aura participé l'actrice Karine Vanasse. Elle n'impressionne guère dans In extremis, de William Mastrosimone, où elle joue le rôle d'une jeune femme violentée qui se retourne contre son agresseur. Sa performance est par ailleurs loin d'être le seul élément qui cloche dans le spectacle à l'affiche du Rideau Vert.

In extremis raconte un drame violent. Il éclate lorsqu'un rôdeur (Sébastien Gauthier) s'introduit dans la maison de campagne où vivent Marjolaine (Karine Vanasse) et ses deux colocataires avec l'intention de les violer l'une après l'autre. Il a tout prévu. Il sait que Nicole (Geneviève Bélisle) et Catherine (Julie Perreault) sont absentes. Il sait à quelle heure elles doivent rentrer. Il a tout le loisir de s'en prendre à Marjolaine. Mais c'est elle qui aura finalement le dessus.

Le metteur en scène Jean-Guy Legault a opté pour le réalisme, voire l'hyperréalisme. Le drame se joue d'ailleurs dans une maison de campagne qui s'ouvre comme une maison de poupée. Son envergure est inversement proportionnelle à son utilité. On découvre même, au cours du spectacle, que le décor est placé sur un plateau pivotant. Par deux fois, il tournera sur lui-même pour marquer une ellipse temporelle. À moins que ce ne soit pour donner l'impression qu'il se passe quelque chose...

Avec un synopsis comme celui d'In extremis, on s'attend à être plongé dans un climat tendu, et ce, même si les dialogues ne sont pas particulièrement tranchants. Le premier corps à corps entre l'agresseur et le personnage joué par Karine Vanasse (qui fait d'abord bonne impression) est assez percutant. Ensuite, le tonus se perd. Rapidement. L'actrice n'en impose pas face à Sébastien Gauthier qui, même attaché et les yeux bandés, demeure le point focal pendant toute la durée du spectacle.

Placé en plein centre de la scène, le prisonnier fait même de l'ombre à la bisbille qui naît entre les trois colocataires. La pièce repose ainsi bien davantage sur le chantage et les jeux de manipulation de l'homme que sur le débat moral qui divise les filles. Ça frise le détournement de sens. Les éclats de colère de Marjolaine ne portent pas. Le désir de vengeance qui l'anime et la tension entre les filles ne transparaissent pas tellement non plus.

Rendez-vous manqué

La mollesse de la direction d'acteurs fait que, le plus souvent, les comédiennes semblent ne pas quoi savoir faire de leur corps. Sans compter que les personnages font parfois de petits gestes invraisemblables. À titre d'exemple, Marjolaine change de bottes deux fois, avant et après avoir creusé une tombe. Un détail qui tue ce moment où la pression devrait être difficile à soutenir... Bref, voilà un rendez-vous manqué avec le versant noir de l'âme humaine.

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In extremis, jusqu'au 12 mars au Théâtre du Rideau Vert.