Un mois après avoir officiellement dévoilé ses nouveaux atours, le Théâtre Denise-Pelletier risque d'être vendu en justice pour payer l'entrepreneur principal qui a réalisé les travaux de rénovation.

C'est du moins la requête que l'entrepreneur Tomico inc. a déposé en Cour supérieure cette semaine. Affirmant qu'on lui doit encore 2,5 millions pour les travaux de rénovation de 8,3 millions qu'il a réalisés au TDP, Tomico demande la vente forcée en justice de l'immeuble, afin d'être payé.

Situé au 4353, rue Sainte-Catherine Est, le Théâtre Denise-Pelletier a été complètement réaménagé, dans le cadre d'un grand projet de restauration, qui a coûté en tout plus de 11 millions. «Le théâtre est fonctionnel depuis un an. Les travaux sont faits, il ne reste que des pacotilles. Nos sous-traitants ont été patients. Après huit mois d'attente sans avancement, nous, on procède», a indiqué d'un ton décidé le directeur général de Tomico, Thomas Smeesters, lorsque La Presse l'a joint en après-midi, hier.

De son côté, Rémi Brousseau, directeur général du Théâtre Denise-Pelletier, ne voulait pas trop épiloguer sur le sujet, hier. «L'avocat de l'entrepreneur a fait une intervention, notre avocat est là-dessus», a-t-il dit, avant de signaler qu'ils avaient tenté de négocier avec l'entrepreneur, et que les travaux n'étaient pas «officiellement terminés».

M. Smeesters considère pour sa part que les offres n'étaient pas suffisantes. «C'est sûr qu'il y a eu des dépassements de coûts. C'était un projet très complexe, c'était surprise par-dessus surprise. Il y a eu 430 ordres de changements, c'est énorme. On a été de bonne foi», assure-t-il.

Questionné sur le financement des travaux, le directeur du Théâtre Denise-Pelletier a indiqué que ceux-ci étaient payés en majeure partie par des subventions, mais que le théâtre contribuait lui aussi.

Le litige n'entrave pas le cours normal des activités du Théâtre Denise-Pelletier, a assuré M. Brousseau.

Après qu'ils ont fait peau neuve, les théâtres voient leurs finances se réduire comme peau de chagrin. L'été dernier, le Théâtre de Quat'Sous a fait l'objet du même type de requête, de la part d'un entrepreneur, Groupe Aecon. Ce dernier réclamait la vente en justice de l'établissement, pour 750 000 $ de travaux de rénovations impayés, alléguait-il. Le litige n'est pas encore réglé et chemine toujours devant les tribunaux.