Heureuse rencontre entre les artisans du Théâtre de l'Avant-pays et l'auteure et metteure en scène Marie-Christine Lê-Huu, qui donnent vie à un conte improbable livré avec beaucoup de talent par quatre comédiens-marionnettistes très inventifs.

Créée le printemps dernier pour le Festival Petits bonheurs, l'histoire de ce voyage initiatique débute par l'écrasement d'un avion, à destination du Japon, qui transporte notamment une femme et son garçon qui s'en vont voir (pour la première fois) le père japonais de l'enfant.

Ça paraît dramatique, mais ce ne l'est pas du tout. C'est même assez sympathique; tout le monde survit à l'écrasement. Et nos deux héros entreprennent une longue marche dans les montagnes nippones à la recherche de secours.

C'est là que prend forme le conte. Façon de rappeler le célèbre proverbe arabe (et son équivalent chinois et sûrement japonais), selon lequel le chemin parcouru est plus important que la destination finale. Comme la traversée du désert est plus valorisante pour se rendre à La Mecque que de prendre l'avion.

Théâtre d'ombres, d'objets, de masques et de marionnettes, tous les procédés sont utilisés avec ingéniosité pour narrer cette nouvelle pièce de Marie-Christine Lê-Huu (Alia dans Toc, toc, toc, qui a aussi écrit et joué dans la très belle pièce Une forêt dans la tête), et qui se lance ici pour la première fois dans la mise en scène.

Avec de simples draps on recrée les monts enneigés du Japon, tandis que les personnages principaux (la mère et son garçon) sont représentés tantôt par de petits points lumineux, tantôt par des marionnettes d'une trentaine de centimètres, mais aussi par des masques, et même des cadres avec photos tenus à hauteur du visage.

Pour distrai re son garçon, la maman se met à lui raconter l'histoire de deux enfants, l'une québécoise, l'autre japonais, qui entreprirent un jour une correspondance amicale qui dura un certain nombre d'années. Évidemment, cette histoire racontée à la troisième personne est bel et bien celle de la maman.

On suit donc à la fois le périple de la mère et de son fils et l'histoire d'amour entre les deux amants. Jusqu'à ce qu'une troisième histoire se mêle aux deux autres (et les lie entre elles), celle de Louis Armstrong. Qui a même droit à sa marionnette. On y évoque sa jeunesse difficile, sa grand-mère, qui l'a élevé seule lorsque ses parents l'ont abandonné, sa détention, la maladie de sa mère, etc.

Surtout, on constate la grande résilience du célèbre trompettiste, qui a sans doute trouvé dans la musique son salut et sa joie de vivre. On y évoque les rapports familiaux, pas toujours simples, en faisant la part belle au courage et à la persévérance. Là s'arrête le parallèle.

Car j'admets que le lien est quand même ténu entre notre enfant métissé, qui part à la rencontre de son père, et le parcours de Louis Armstrong. Mais l'idée, quoique farfelue, est tout de même bien explorée, comme la musique du musicien, qui a eu un effet boeuf sur les enfants présents hier, qui en redemandaient.

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Le voyage, à la Maison Théâtre jusqu'au 30 décembre. Pour les enfants de 6 à 9 ans.