C'est lundi que débutent les 11es Coups de théâtre, cet incontournable festival jeune public consacré pour l'essentiel au théâtre et à la danse. La Presse s'est intéressée aux spectacles sans paroles, au nombre de sept dans la foisonnante programmation qui compte plusieurs créations.

Parmi les 22 propositions des Coups de théâtre, qui s'échelonneront sur une période de 14 jours, 7 d'entre elles sont des spectacles sans paroles. Est-ce le fruit du hasard ou un signe des temps?

Le programmateur des Coups, Rémi Boucher, se défend d'avoir privilégié ce type de spectacles. Il affirme plutôt que le phénomène est représentatif de ce qui émerge comme théâtre jeune public et de la vision actuelle de ses artisans, même s'il se fait toujours beaucoup de spectacles «à texte».

«Les spectacles sans paroles sont l'effet d'une culture qui repose sur l'image, nous dit-il. Qui est très visuelle et qui s'exprime par des gestes, des images, des sons, etc. La technologie nous donne aussi beaucoup plus de possibilités qu'avant pour traduire des émotions autrement que par des mots.»

Évolution du théâtre donc, mais aussi création d'un format qui permet plus facilement aux compagnies de promener leurs spectacles dans le monde. «C'est sûr qu'un spectacle sans paroles s'appuie davantage sur ce qui nous ressemble que ce qui nous différencie», indique Rémi Boucher.

Pour Simon Boudreault, auteur et metteur en scène de la pièce Sur 3 pattes, il s'agissait avant tout d'un défi d'auteur. «Le théâtre de marionnettes est un théâtre d'image absolue, dit-il. Ça ouvre l'imaginaire des enfants et ça crée un côté super interactif puisque le spectateur doit interpréter tout ce qu'il voit.»

L'auteur de Sauce brune en était à sa première expérience de théâtre sans paroles. Il avoue avoir été influencé par la production du Porteur, créée en 1997 par le Théâtre de l'oeil, scénarisé par Richard Lacroix, à qui Simon Boudreault a fait appel pour la scénographie de Sur 3 pattes.

L'histoire de cette nouvelle création du Théâtre de l'oeil tourne autour d'une caméra vidéo qui surgit d'un amoncellement de déchets et qui s'anime sur son trépied pour capter les éléments de la nature qui s'activent autour d'elle. Incluant les animaux de la forêt qui rôdent par là.

Cette caméra, qui rappelle un peu le personnage de Wall.E dans le film de Pixar, symbolise la présence de l'homme dans la nature. «C'est une quête initiatique où le personnage de la caméra cherche sa place dans la forêt, dans cet amas de détritus.»

Simon Boudreault admet s'être inspiré de la philosophie amérindienne, qui considère par exemple un feu de forêt non pas comme quelque chose de négatif, mais comme une étape de la vie qui permet à la forêt de renaître, de se régénérer.

«Le coeur du propos, c'est la transformation, explique l'auteur; même le décor subit des transformations, notamment avec le passage des saisons.» La musique, «un support émotif essentiel», est également très présente dans ce spectacle qui compte quatre marionnettistes.

Un spectacle-installation

La proposition de Claudie Gagnon est complètement différente. Artiste visuelle qui crée depuis 20 ans des installations à partir d'objets recyclés ou récupérés, Les mécaniques célestes (produit par le Théâtre des confettis) n'a pas de trame narrative. Il s'agit de six tableaux vivants avec deux comédiens et un musicien sur scène.

«Dans mon cas, explique la conceptrice du spectacle, il n'a jamais été question de texte. Je ne suis pas une dramaturge, je propose des images qui évoquent le temps. Le temps qui passe, le passage des saisons, et même d'une journée, mais aussi la température. Il s'agit de petits cabinets de curiosités avec un aspect surréaliste.»

Un peu comme pour sa pièce Amour, délices et ogre, qui permettait littéralement aux enfants d'entrer dans un gâteau géant pour y découvrir le monde de la nourriture, Les mécaniques célestes est un spectacle déambulatoire où les enfants entreront dans ce décor construit sur mesure pour y faire toutes sortes de découvertes.

Sur 3 pattes, à l'Usine C les 17 et 18 novembre. Pour les enfants de 5 ans et plus; Les mécaniques célestes, à l'Usine C les 19, 21, 22 et 28 novembre. Pour les enfants de 4 ans et plus. Tous les détails sur: www.coupsdetheatre.com