Impossible de se lever pour applaudir une pièce comme Après la fin, reprise ces jours-ci dans la salle intime d'Espace Go. Sophie Cadieux et Maxime Denommée, qui signe aussi la mise en scène, sont pourtant formidables dans ce dur face à face. La partition du dramaturge Dennis Kelly est d'une puissance et d'une efficacité exceptionnelles. Mais ce huis clos est si troublant qu'on a du mal à se ressaisir lorsque les acteurs viennent saluer.

D'une trame toute simple, Kelly a tiré une matière explosive. Deux collègues de travail sont enfermés dans un bunker après l'explosion d'une bombe nucléaire. Louise était inconsciente lorsque Mark l'a emmenée dans ce vestige de la Guerre froide jouxtant son appartement. Très vite, des tensions émergent: il est partisan de politiques musclées en matière de sécurité, elle craint les dérives d'un État policier et de l'enfermement; il a un faible pour elle, mais le sentiment n'est vraiment pas réciproque.

Maxime Denommée a orchestré un spectacle haletant et tendu, fortement attaché au texte. Une radiographie non pas de la spirale de la violence, mais de celle de la peur. Après la fin est une pièce sur les jeux de pouvoir, la manipulation, la domination et l'humiliation. Sur le choc des idées et la destruction de l'identité.

On regrette presque de voir, dans ce huis clos extrêmement réussi, une métaphore du choc des civilisations en cours. Ne vivons-nous pas à une époque où chacun cherche à imposer sa vision du monde à l'autre en lui mettant un fusil sur la tempe? Une pièce à voir soit à Espace Go (jusqu'au 16 octobre), soit en tournée (www.theatrelalicorne.com

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