Même s'il commence à jouir d'une certaine notoriété - on le voit de plus en plus souvent au théâtre et à la télé -, Sébastien Gauthier continue de travailler avec des auteurs et des comédiens de la relève. Rencontre avec un touche-à-tout qui signe deux mises en scène en septembre.

Dès sa sortie du collège Lionel-Groulx, il y a 13 ans, Sébastien Gauthier a fondé le Petit Théâtre du Nord avec trois amis. Depuis, le quatuor a créé rien de moins qu'une pièce par année, la dernière en date étant Mélodie dépanneur, comédie musicale de Mathieu Gosselin (Persée, La fête sauvage) présentée tout l'été à Blainville.

Chaque fois, la démarche de Sébastien Gauthier et ses compagnons (Mélanie St-Laurent, Luc Bourgeois et Louise Cardinal) est la même: ils prennent contact avec des auteurs qui les intéressent et leur «commandent» un texte. Jusqu'à présent, le groupe a toujours réussi son pari de jouer des textes écrits spécialement pour lui.

«Ce sont pour la plupart des comédies dramatiques, souligne Sébastien Gauthier. Des comédies où l'on pousse des situations à l'extrême. Comme cette pièce de Patrice Robitaille et François Létourneau, Ronald, fable corporative, qui racontait la rivalité entre des clowns en congrès à Tocsin...»

L'acteur et metteur en scène, qu'on a vu récemment à Espace libre dans L'amour incurable, donne également des cours d'interprétation au collège Lionel-Groulx, là où il a lui-même étudié. «L'an dernier, on a monté La tempête de Shakespeare avec des marionnettes! Le comédien prend souvent le dessus sur le personnage. Le travail de marionnettiste nous amène beaucoup d'humilité.»

Deux mises en scène

Ce mois-ci, Sébastien Gauthier portera la casquette de metteur en scène à deux reprises. D'abord, il présente Roomtone, de Nico Gagnon, dès demain à la salle Fred-Barry. La pièce a été créée l'an dernier pour les élèves de dernière année de l'option théâtre du collège Lionel-Groulx. Dix des onze comédiens de la version originale fouleront de nouveau les planches dans ce suspense comique.

«Dans Roomtone, la forme est encore plus intéressante que le texte, même si Nico Gagnon est un dialoguiste impressionnant, indique Sébastien Gauthier. Dans la première partie, on s'attarde à ce qui se passe dans la cuisine d'un resto tenu par deux frères. Et dans la deuxième, on reprend l'histoire du début, mais en racontant ce qui se passait au même moment dans la salle à manger du restaurant.»

Deux points de vue, donc, où le suspense ne tarde pas à s'installer. L'ex d'un des frères fait son apparition avec son nouvel amant; des motards débarquent pour se faire rembourser une dette contractée par l'autre frère; les membres d'un groupe rock appelé Roomtone atterrissent au resto après un spectacle; bref, une comédie «où tout se met à ch...».

À la fin du mois, au Théâtre Prospero, Sébastien Gauthier montera la première pièce de Maxime Desjardins, un autre élève en fin d'études du collège Lionel-Groulx. La pièce s'appelle Les amateurs de sports. Il s'agit de six monologues sur le fanatisme sportif, dont l'un des personnages n'est nul autre que la patineuse artistique Tonya Harding, rendue célèbre pour avoir tenté de blesser sa concurrente Nancy Kerrigan avant les Jeux de Lillehammer, en 1994.

«Je ne voulais pas simplement enchaîner les monologues, indique Sébastien Gauthier. Je ne voulais pas non plus que les comédiens s'adressent directement au public. Alors toutes les histoires se passent sur le plateau de tournage d'une émission animée par Tonya Harding...»

Il est également question de Clint Malarchuk, ce gardien de but victime d'un coup de lame sur la gorge qui a mis fin à sa carrière; d'une admiratrice du lutteur Owen Hart; d'un père de famille qui voudrait que son fils autiste devienne un grand cycliste; d'un joueur de soccer qui fraie avec des hooligans à Manchester, etc.

Au mois de février prochain, au Rideau Vert, Sébastien Gauthier partagera la vedette d'In extremis, de l'Américain William Mastrosimone, avec Karine Vanasse, Julie Perreault et Geneviève Bélisle. Mais point de comédie pour Sébastien Gauthier qui affectionne le genre depuis ses débuts. Plutôt un drame sur un viol qui se retourne contre le violeur. Comme quoi l'artiste ne cesse de défricher de nouveaux territoires...

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Roomtone, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier du 8 au 25 septembre; Les amateurs de sports, au Théâtre Prospero du 28 septembre au 16 octobre; In extremis, au Rideau Vert du 8 février au 12 mars 2011.