Un conteur dans un sous-sol d'église, le mythe de Faust revisité par des acteurs juchés sur des échasses et des toilettes sur un podium, voilà quelques-unes des nombreuses curiosités au programme du Festival de théâtre de rue de Lachine. L'offre expire ce soir avant minuit...

Le programme officiel du Festival de théâtre de rue de Lachine est un petit document fascinant. On a beau le feuilleter de la première à la dernière page et lire tous les petits caractères, on croise rarement un nom ou un visage familier. En revanche, on découvre toutes sortes de noms de compagnie aussi bizarres qu'intrigants: Poupées Krinkées, La Tortue noire, Le Bureau...

Pour un peu, on croirait que les organisateurs de l'événement, tenu pour la troisième fois cette année à Lachine, font exprès pour sélectionner les bibittes artistiques les plus curieuses. «C'est un festival axé sur les découvertes, convient le comédien Rémi-Pierre Paquin, codirecteur artistique. On veut que les gens se promènent et voient des objets qu'ils ne voient pas ailleurs.»

L'une des caractéristiques de l'événement est bien sûr de proposer des spectacles conçus pour être présentés dans l'espace public. Mais le festival porte une grande attention au lieu où chaque création est programmée. Le conteur Fabien Cloutier, à qui on doit le très cru et très drôle monologue Scotstown, présentera en primeur L'homme qui a vu l'ours dans un sous-sol d'église.

La compagnie Le Bureau, qui présente une adaptation du poème Encore une fois sur le fleuve de Jacques Prévert, s'est fait offrir le phare du parc Saint-Louis. «On bonifie les spectacles en les présentant dans des lieux appropriés», estime Rémi-Pierre Paquin. Et si le lieu est inscrit dans l'oeuvre elle-même, comme des toilettes publiques pour Bonheur biochimique (Théâtre Nulle Part), les programmateurs s'organisent pour rendre la chose possible.

«Ce qu'on aime, c'est que des troupes qui ont l'habitude de jouer devant de petites salles, pour un public plus pointu, se retrouvent devant monsieur et madame Tout-le-monde à côté des trippeux qui suivent tout ce qui se fait», explique le codirecteur artistique du festival, qui tient à ce que l'événement conserve un côté fête populaire.

Ne reculant devant aucune bizarrerie, l'événement propose même une installation de Jason Arsenault faite avec des cabines de toilettes chimiques. «On les a mises sur un podium, comme aux Jeux olympiques, révèle Rémi-Pierre Paquin. Quand les gens vont aux toilettes, il y a des applaudissements et on fait jouer l'hymne national de la Chine.» Même aller aux toilettes est une expérience au Festival de théâtre de rue...