Une catastrophe. Deux survivants: un vieil homme et un enfant. Une route à parcourir. Le point de départ de Cendres fait tout de suite penser à The Road de Cormac McCarthy. Or, la pièce n'est pas tirée de ce roman-là, mais d'un autre qui parle de l'errance: Terre et cendres de l'Afghan Atiq Rahimi.

Il ne reste rien de l'Afghanistan occupé par l'armée soviétique dans l'adaptation de Jérémie Niel. La scénographie, dépouillée à l'extrême, ne donne aucun indice quant au lieu. Les multiples accents des comédiens non plus. Que les corps des acteurs et de superbes images de rochers projetées sur le grand écran, qui s'avère le point focal du décor.

Dire qu'il ne se passe pas grand-chose durant l'heure et quart que dure Cendres est un euphémisme. Les acteurs sont avares de mots comme de gestes. Le metteur en scène mise tout sur une esthétique léchée destinée à installer une atmosphère lourde et austère, à l'aide des séquences tournées par le cinéaste Denis Côté et l'oppressante bande-son signée Alexandre St-Onge.

Cendres tient moins du théâtre que de l'installation vidéo-sonore. C'est d'abord expérience sensorielle destinée à faire partager au spectateur le désoeuvrement des personnages. Les minutes s'égrènent lentement. On patiente, on attend de voir où cette histoire va mener. On est plongé, comme les personnages, dans l'ennuyeux inconfort de l'attente.

Jérémie Niel a le souci du détail et maîtrise parfaitement son univers, c'est l'évidence. Sa façon de solliciter l'ouïe s'avère une fois de plus d'une efficacité remarquable. Mais suffit-il d'être mis en suspens pendant une heure et des poussières pour saisir en profondeur la tragédie de l'errance? Cet exercice hautement stylisé n'en fait pas la preuve. Allez lire Cormac McCarthy, pour voir.