Écrite et mise en scène par Olivier Kemeid, L'Énéide raconte l'histoire des exilés, des réfugiés, des émigrés; bref, de tous ceux qui ont quitté leur pays, malgré eux, pour un ailleurs meilleur. Sans guerre.

Créé en 2007, ce drame épique, magnifiquement interprété par les sept comédiens de cette nouvelle mouture, a remporté de nombreux prix.

Les deux nouveaux comédiens de cette reprise, Jacques Laroche et Étienne Pilon, sont tous deux excellents. Le texte d'Olivier Kemeid, inspiré du récit de Virgile (au Ier siècle avant J-C), est criant d'actualité et écrit dans une très belle langue.

Le directeur artistique d'Espace libre, lui-même d'origine égyptienne, parvient à nous émouvoir, sans sensiblerie, avec cette histoire universelle, un peu dense il est vrai, où l'on suit les traces d'Énée, personnage central de L'Énéide.

Durant ce long périple (qui s'étire pendant plus de 2 h sans entracte), Énée quitte son village en flammes avec sa famille et ses amis. Avec eux, il traversera mers, montagnes et déserts, et échouera même sur les plages d'un «Tout-inclus»! Malheureusement, tous ne se rendront pas à destination.

Pour faire le portrait de ces êtres déracinés, le metteur en scène aurait pu les faire parler avec un accent ou les costumer d'une certaine façon, question d'appuyer leur statut d'étranger. Or, ils parlent tous admirablement bien notre langue et sont habillés on ne peut plus sobrement.

Par conséquent, on s'attarde moins à ces détails, porteurs d'une foule de préjugés, et on se concentre sur le drame humain qu'ils vivent. Un drame qui atteint sa cible, malgré certaines lourdeurs.

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À l'Espace libre jusqu'à samedi.