La Maison Théâtre a pris en quelque sorte le relais de Casteliers - festival consacré aux arts de la marionnette, qui a pris fin hier -, en programmant une pièce qui met en vedette des marionnettes de bois et d'étoffe: Carton rouge sur carré vert.

Créée l'an dernier par Les Amis de chiffon, une compagnie de Saguenay, la pièce met en scène des guignols de différents formats sur un terrain de soccer en mouvement. Une proposition «gagnante» pour les jeunes, qui adhèrent spontanément au projet... avant même la levée du rideau!

Évidemment, cette partie qui oppose les Pythons de Saint-Siméon et les Couguars de Saint-Elzéar n'est qu'un stratagème de l'auteure, Pascale Rafie, pour nous parler des aspirations de deux enfants élevés par un père immigrant seul. Ce qui n'entache aucunement le plaisir des jeunes, qui jouent les spectateurs en encourageant les joueurs des deux équipes.

Archibald Blanco, qu'on devine être un ex-joueur de soccer dans son pays d'origine - grâce aux nombreux flash-back projetés sur un écran circulaire à l'arrière-scène -, élève seul ses enfants : les jumeaux Francisco et Coralia Blanco (dits Foufou et Coco). Le pauvre multiplie préjugés et maladresses.

Inscrit par son père dans une ligue de soccer, Foufou n'a aucun talent pour ce sport. À l'opposé, sa soeur Coco crève d'envie de jouer, mais son père l'en empêche. Elle le déjoue en se déguisant en garçon. Et devient rapidement le meilleur marqueur de son équipe.

La magie du théâtre fera en sorte que les jumeaux s'affronteront dans la finale de la «Coupe de quartier».

La grande force de ce spectacle repose sur la scénographie de Mélanie Charest et la mise en scène de Marc-André Roy, qui nous offrent différents points de vue sur ces joutes de soccer magnifiquement chorégraphiées: vue d'ensemble, plans rapprochés, en plongée, etc.

Grâce au maniement de grands blocs de terre recouverts de gazon et à la virtuosité des comédiens-manipulateurs (Vicky Côté, Martin Gagnon, Dany Lefrançois et Sébastien Bouchard), cette histoire un peu convenue prend forme et vie. Et révèle l'ingéniosité des créateurs de ce théâtre d'ombres et d'objets.

Les projections permettent aux plus vieux de comprendre que la maman de ces enfants est morte (on ne sait pas comment); que le papa était un ex-joueur vedette amoureux de sa femme (on les voit danser un tango); et que Foufou est un enfant rêveur, qui n'arrive pas à se concentrer sur le terrain (on nous plonge dans ses rêveries).

Le texte de Pascale Rafie, plein de bons sentiments, est un tantinet moralisant. L'auteure fait l'apologie de l'égalité des sexes (les filles aussi peuvent jouer au soccer), de l'écoute nécessaire d'un parent (il faut être attentif aux désirs de ses enfants), et de l'importance de participer (le match se termine sans consacrer de gagnant).

N'empêche. Carton rouge sur carré vert parvient à capter l'attention du jeune public, fasciné par ces procédés scéniques qui surprennent et font sourire. Au-delà de la morale de l'histoire, on a un peu l'impression d'avoir assisté à un match de soccer, pas banal du tout.

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Carton rouge sur carré vert, des Amis de chiffon. À la Maison Théâtre jusqu'au 3 avril. Pour les enfants de 4 à 8 ans.