Son automne télé terminé - il était des distributions d'Aveux et Les hauts et les bas de Sophie Paquin à Radio-Canada -, Benoît McGinnis remonte sur les planches. Excuse-moi est l'occasion pour ce talentueux jeune acteur de renouer avec deux artistes qui ont marqué sa jeune carrière: le dramaturge Serge Boucher et le metteur en scène René Richard Cyr.

«Tous les rôles me font peur. Il y a toujours un côté de moi qui me dit que je ne serai pas bon. En même temps, je sais que j'ai quelque chose à donner.» Benoît McGinnis est peut-être terrorisé par le doute, mais pas paralysé. Il a foulé la scène du Théâtre d'Aujourd'hui dès sa sortie de l'École nationale de théâtre, en 2001, et n'a pas arrêté de jouer depuis: il a déjà participé à au moins 18 productions théâtrales, sept films et cinq séries télé.

 

Ses performances les plus remarquéesù, ce sont bien sûr des rôles à la télé: Olivier, dans Aveux, et Jean-Sébastien Laurin, le chanteur gai de la série Sophie Paquin. Ceux qui lui trouvent du talent devraient s'empresser de voir Le banquet, de Sébastien Rose, film au rayonnement confidentiel où il campe avec brio un jeune homme que la colère finit par tuer.

Deux constantes se dégagent de ce parcours: l'extraordinaire naturel du jeune comédien et la fidélité des réalisateurs et metteurs en scène à son endroit. «Ma carrière, à date, est vraiment déterminée par des rencontres importantes, parce que les gens me réengagent», convient-il.

Sébastien Rose lui a confié des rôles dans deux films. Claude Desrosiers a participé à trois des quatre séries dans lesquelles Benoît McGinnis a tenu un rôle. Il jouera par ailleurs sous la direction de René Richard Cyr pour la huitième fois en neuf ans dans Excuse-moi, de Serge Boucher, qui prend l'affiche cette semaine chez Duceppe.

«On se comprend sans trop devoir expliquer les choses», dit le comédien, parlant de René Richard Cyr. Ses liens avec le metteur en scène remontent à Titanica, la robe des grands combats, pièce de Sébastien Harrison dans laquelle il avait décroché un petit rôle en 2001. «Après ça, on a fait Avec Norm' de Serge Boucher. René Richard faisait la mise en scène et jouait aussi. C'est là que je l'ai vraiment connu, raconte-t-il. C'était mon partenaire de loge. On a passé tout un show ensemble et ça a cliqué.»

Secouer père et mère

Dans la plus récente pièce de Serge Boucher, un auteur dont il a maintes fois visité l'oeuvre, Benoît McGinnis joue François Dubé. Ici, ce personnage croisé dans plusieurs autres pièces du dramaturge apparaît deux fois, à 10 années d'intervalle, pour confronter ses parents vieillissants: son père alcoolique (Michel Dumont), d'abord, puis sa mère (Louison Danis), esseulée et désormais incapable de tenir une maison sans aide.

«François a toujours été pas mal discret, constate son interprète. Là, c'est la première fois que Serge Boucher lui fait prendre la parole comme ça, devant ses parents. C'est un côté de François qu'on n'a pas tellement vu.» Son personnage vit un drame de plus en plus courant: celui des enfants forcés de devenir les parents de leurs parents. «On a décidé qu'il avait été mandaté par sa famille pour régler les affaires. Il n'a pas tellement envie d'être là.»

François a la tâche ingrate de secouer père et mère, de les forcer à agir contre leur gré, quitte à passer pour le méchant. Pour leur bien. «C'est une tragédie, estime le comédien. C'est Louison (Danis) qui a dit ça l'autre jour en répétition et c'est un peu vrai. C'est une tragédie moderne, bien centrée sur la famille.»

Benoît McGinnis parle de son métier comme il joue, c'est-à-dire avec passion. Ce rôle, il ne l'endosse visiblement pas à la légère. «Je pense que je suis assez engagé en général. Mais là, je baigne là-dedans tous les jours, dit-il, pour justifier son enthousiasme. Je suis allumé par mes projets et je pense que j'ai de beaux projets.»

Des rôles variés

Beaux, certes, et d'une étonnante variété. Si ce jeune comédien a pu démontrer l'étendue de son registre, c'est parce qu'il ne tourne le dos à aucun média ni à aucun style. Sa préférence va aux oeuvres contemporaines («Je ne peux pas dire que du Molière et du Shakespeare, c'est l'affaire qui m'allume le plus»), qu'importe le genre.

Dans un avenir proche, on le verra dans un film de loups-garous (Le poil de la bête), dans Demande à ceux qui restent de Louis Bélanger et Les amours imaginaires de Xavier Dolan, dans lequel il joue un personnage baptisé «baise no 2». «Je dirais plus que c'est une apparition, un flash, dans le film de Xavier Dolan», précise-t-il, avant d'aligner une foule d'épithètes disant l'estime qu'il a pour le très jeune réalisateur de J'ai tué ma mère.

L'été prochain, Benoît McGinnis va «faire le comique» à Terrebonne dans une comédie française mise en scène par Alain Zouvi. «C'est un défi de jouer un sketch d'une heure et demie dans lequel c'est moi qui mène le côté drôle», dit-il. Mais c'est ça qui le stimule, le défi.

Excuse-moi, de Serge Boucher, chez Jean-Duceppe, du 17 février au 27 mars.