«Je rêvais de décrire un jardin d'enfants à l'image de tous ceux que j'ai rencontrés depuis 30 ans: enfants curieux, craintifs, tendres, marginaux, rieurs, tristes. Ces enfants qui ont été blessés, qui ont manqué d'eau, d'air, de soins, de lumière; ceux qu'on a étouffés.»

Mais en créant Les mauvaises herbes, une pièce destinée aux 8 à 12 ans, l'auteure a accouché de trois scénarios. «En explorant cette métaphore du jardin d'enfants, je me suis rendu compte que je voulais parler des plus petits aussi. De tous les enfants. Il a donc fallu agrandir le jardin...»

C'est dans ce contexte que l'auteure, comédienne et metteure en scène a créé Marguerite le printemps dernier au festival Petits bonheurs. Une très belle pièce, presque une berceuse, destinée aux tout-petits de 18 mois, qui sera d'ailleurs présentée à Reims, en France, au mois de mars prochain.

Pour compléter son triptyque, Jasmine Dubé s'est associée à la compagnie belge Maât (qui avait présenté ici le magnifique Saut de l'ange) pour créer Ginkgo et la jardinière, fable musicale destinée aux 4 à 8 ans, qui sera dévoilée lors de la sixième présentation de Petits bonheurs, au mois de mai.

Mais revenons aux Mauvaises herbes. Le sujet est délicat, mais la pièce ne s'annonce ni banale ni triste. Au contraire, Jasmine Dubé mise sur la force extraordinaire de ces enfants imparfaits, parfois «poqués», capables de surmonter des difficultés qu'on croirait insurmontables.

«C'est plein de vie, nous dit-elle. Ce n'est pas un sujet simple, mais j'ai tenté d'y mettre de la chaleur, de l'humour. En fait, c'est très ludique. Il y a des moments plus durs, mais ce n'est pas une tragédie. Et puis la métaphore des enfants dans des pots est très forte.»

Jasmine Dubé interprète dans Les mauvaises herbes le rôle d'une jardinière (Flore) qui veille avec beaucoup d'amour sur son jardin d'enfants, qui représente sans doute un orphelinat, et par où transitent des enfants de tous horizons placés dans des pots, en attendant de trouver une terre pour s'enraciner.

Nous n'avons pas toujours le choix du pot dans lequel nous sommes plantés... C'est cette captivité des enfants qu'a cherché à explorer le metteur en scène Benoît Vermeulen (qui nous avait impressionné avec sa mise en scène des Assoiffés, de Wajdi Mouawad).

«Les enfants sont dépendants de leur environnement, dit-il. Pour dynamiser le jeu des comédiens, nous avons mis en place toute une gestuelle à l'intérieur des pots. Avec la musique, les bruits de la ville, nous avons réussi à créer 10 tableaux qui sont autant de points de vue sur ce que vivent les personnages.»

Créée au Théâtre les Gros becs, au mois de novembre dernier, à Québec, Les mauvaises herbes a nécessité près d'un an de travail. «La structure du texte de Jasmine est surprenante, puisque ce sont des portraits, explique Benoît Vermeulen. Il a aussi fallu trouver un équilibre entre le côté végétal et le côté humain. Il a fallu trouver une unité dans tout cela.»

Les mauvaises herbes, au Théâtre Bouches décousues, à la Maison Théâtre

du 20 au 31 janvier.

Pour les enfants de 8 à 12 ans.