On ne sait pas encore quel sera le titre français, ni dans quel décor l'action sera transposée, mais Broue, phénomène théâtral inscrit pour sa longévité dans le Guinness des records , prendra l'affiche à Paris dans une version française, sans doute à l'automne de 2010. La Presse a rencontré le metteur en scène de cette adaptation.

«Une pièce de théâtre que les mêmes comédiens continuent de jouer - 60 fois par année - depuis 30 ans et qui a attiré 3 millions de spectateurs québécois ne pouvait que susciter la curiosité à l'étranger, explique le metteur en scène et scénariste Thomas Le Douarec. Si Broue n'a pas encore été montée à Paris, c'est que les sept acteurs-auteurs qui en détiennent les droits ont coupé court aux propositions qu'on leur faisait.»

Il y a quelques mois, Le Douarec, accompagné de l'un des futurs producteurs du spectacle, a pris l'avion de Paris pour assister au Québec à une représentation de Broue - «dans un immense théâtre, plein à craquer» - et pour rencontrer Michel Côté et Marc Messier.

Pour lui, tout a commencé avec la découverte de Michel Côté: «Quand j'ai vu C.R.A.Z.Y., j'ai été vraiment épaté par ce comédien. Par la suite, je suis allé à Montréal pour monter mon adaptation des Hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus. Et j'ai entendu parler du phénomène Broue. Mais ça n'était pas à l'affiche à ce moment-là. J'en ai parlé à Dominique Née, un ami producteur installé à Montréal. Et c'est par son intermédiaire que, plus tard, la rencontre a pu avoir lieu.»

Pourquoi les droits avaient-ils été vendus en Belgique, où la pièce a joué pendant sept ans sous le titre Chez Willy, mais pas en France? Le Douarec ne le sait pas vraiment: «Comme les droits sont détenus par sept personnes, ça complique les choses. En tout cas, Côté et Messier tenaient à me rencontrer, à voir quel travail je faisais. À la fin du dîner, ils ont dit oui. Le plus dur était fait.»

L'adaptation

L'accord n'a été finalisé que tout récemment. Thomas Le Douarec, homme-orchestre du théâtre privé parisien, qui a souvent trois ou quatre projets sur le feu, ne s'est pas encore attaqué à l'adaptation.

«Il est certain que pour les spectateurs l'action doit se passer en France. Il faut changer les références, bien sûr, et le hockey deviendra le football. Le plus gros problème, c'est celui de la taverne - interdite aux femmes -, une institution québécoise de l'époque et qui n'a jamais existé en France. Mais on trouvera: des bars strictement masculins, ça existe.»

Au théâtre, Le Douarec - à seulement 39 ans - a un CV long de plusieurs pages. Il a donné en 2006 Le Cid de Corneille en version flamenco, mis en scène un ballet contemporain, monté des spectacles à Rabat, Londres ou Perpignan. À trois occasions, il a adapté et produit des spectacles dérivés du Monty Python Flying Circus. «Justement, dit-il, il y a dans Broue un humour un peu fou, et un jeu physique des acteurs qui me rappelle les Monty Python. Avec un peu plus de chair et d'humain dans le texte.»

Avec Broue, il est convaincu de tenir l'objet rare: «Il faut maintenant trouver un théâtre de dimension moyenne, bien adapté au spectacle. Pour les comédiens, le problème se posera de savoir si l'on choisit des vedettes, pour attirer le public dès le départ. Ce n'est pas sûr: il y a de très bons comédiens de théâtre en France, et qui ne sont pas des stars. Et puis, avec de grandes vedettes, on ne pourra jamais jouer pendant 30 ans!»