Ces 20 dernières années, le comédien Gaétan Nadeau a fait sa marque dans le circuit underground, auprès de Brigitte Haentjens notamment. Le voilà qui reprend la plume et présente un solo intimiste créé à la faveur d'un séjour à Rome.

Gaétan Nadeau n'est pas de ces noms qui évoquent immédiatement un visage, mais de ces acteurs dont la présence sur scène marque de manière durable. Cofondateur de Mécanique Générale et comédien proche de l'univers de la danse, il possède une forme de grâce que sa stature ne laisse pas deviner. Surtout, il dégage un cocktail complexe de douceur et d'étrangeté que des metteurs en scène comme Éric Jean et Brigitte Haentjens ont su exploiter à bon escient.

Son parcours est celui d'un artiste pluridisciplinaire: il a publié un roman écrit à quatre mains (Comme au ciel, VLB, 1994), travaillé avec la musicienne Nathalie Derome, collaboré sur une base régulière avec Mia Maure Danse et exploré la dramaturgie de Heiner Müller. Sa collaboration avec Sibyllines se poursuit par ailleurs cet hiver avec les reprises de Woyzeck et Douleur exquise, créées le printemps dernier.

Personal Jesus constitue toutefois un projet bien particulier pour le comédien: c'est un solo intimiste dans lequel il fait une synthèse de sa pratique et un retour à ses origines. De janvier à juin 2008, Gaétan Nadeau a séjourné à Rome, ce qui lui a permis de renouer avec l'écriture. «Je me suis laissé prendre au jeu et j'ai écrit une espèce de récit de voyage», explique-t-il.

L'envie de créer un spectacle solo le tenaillait avant de s'envoler pour l'Italie et lui est venue à travers les écrits poétiques de Pasolini. «Ça m'a beaucoup impressionné, cette forme d'impudeur qu'avait Pasolini à nommer les choses, à en parler de manière crue», dit le comédien, évoquant notamment l'éveil simultané aux choses culturelles et sexuelles.

Ce n'est toutefois pas le cinéaste qui a été le moteur de l'écriture, mais l'écrivain français Chateaubriand qui, dans son Voyage en Italie, raconte à la fois les paysages, les gens et ses chocs esthétiques avec l'art italien et les sites antiques. «Il m'a inspiré beaucoup dans la construction de mon récit de voyage», avoue le comédien, qui a également tenu un journal vidéo pendant son séjour.

Personal Jesus, créé avec Marie-Stéphane Ledoux (mise en scène) et Jacques Brochu (vidéographie), c'est donc une transposition scénique en mots et en images des carnets romains dans laquelle Gaétan Nadeau s'interroge sur l'art, les origines et «ce qu'il reste de la liturgie catholique, de nos rites religieux». Une matière propice à l'exploration d'une gestuelle peut-être pas chorégraphiée, mais rituelle, inspirée de sculptures du Bernin.

«Ce sont des oeuvres extrêmement troublantes, très érotiques, qui magnifient la foi catholique. Il y a un travail sur le corps que je suis en train de faire où j'évoque les transes extatiques des saintes, expose le comédien. Alors, oui, il y aura des mouvements et des moments dansés dans le spectacle.»

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Personal Jesus, du 15 au 19 décembre à La Chapelle.