Les Berbères mémères n'ont de mémères que le nom. Ses trois cofondatrices sont en fait des créatrices casse-cou. Avec Bang Bang Love, elles mêlent improvisation, tirage au sort et clins d'oeil à la téléréalité!

La jeune compagnie Les Berbères mémères est une entreprise familiale. Deux de ses fondatrices, Ines et Elkahna Talbi (aussi slammeuse sous le pseudonyme Queen Ka), sont des soeurs. La troisième, Leïla Thibeault-Louchem, est leur cousine. «On a été élevées ensemble», raconte Ines, croisée au sein de Mimosa, groupe qui a remporté les Francouvertes en 2007.

Ce qui lie les trois filles, au-delà des liens du sang, c'est une passion commune pour la scène et la création. Et une certaine impatience. Si elles ont fondé leur propre troupe, c'est parce qu'elles avaient «énormément d'idées», une «urgence de créer» et surtout «marre d'attendre après les autres».

Après avoir créé et joué Temps de nuit dans un bar de la rue Saint-Denis, la troupe continue à éviter la facilité dans son deuxième spectacle. Bang Bang Love est une création collective élaborée à l'aide du tirage au sort. Leïla a d'abord lancé l'idée de piger des noms pour former des couples de comédiens qui écriraient des textes.

«On a continué dans cet esprit-là pour toutes les étapes de la création, indique Ines, qui jouera une sorte d'animatrice de téléréalité dans le spectacle. On voulait faire un show sur l'amour et travailler sur le hasard, alors on s'est dit qu'on allait intégrer cette dimension-là dès le début du processus créatif.»

Bang Bang Love, même s'il repose sur des textes écrits et une mise en scène, tient beaucoup du happening: à chaque représentation, le public pigera les noms des comédiens qui joueront tel ou tel personnage - procédé qui rappelle Le hasard fait bien les choses, présenté à Espace libre il y a 10 ans. Puisqu'il y a cinq rôles masculins, cinq rôles féminins et cinq courtes pièces, il y a 125 combinaisons possibles au total... Ce qui représente un colossal travail en salle de répétition.

Ines parle de Bang Bang Love comme d'un laboratoire amoureux à situer au croisement du match de boxe, de la défunte émission Coup de foudre et des concours à la American Idol ou So You Think You Can Dance. Et comme à Occupation double, c'est le public qui va élire le «couple rêvé» à la fin de chaque représentation.

«Ce qui m'intéressait, c'est de voir si le public allait choisir des personnes différentes ou si c'est toujours le dernier couple à avoir joué une scène qui allait gagner, expose Ines. Et puis, est-ce que tel et tel acteur gagnent instantanément quand ils jouent ensemble?» Bref, est-ce que la «chimie» joue un rôle dans le couple? Voilà une proposition intrigante, n'est-ce pas?

Bang Bang Love, jusqu'au 16 décembre au Théâtre de l'Esquisse.