Ce devait être une saison itinérante. Le théâtre de la Manufacture aurait vécu dans ses malles, hébergé de-ci de-là par d'autres théâtres montréalais, le temps d'agrandir les locaux de La Licorne, rue Papineau.

C'est plutôt une programmation marquée par l'incertitude qu'a dévoilée hier le nouveau directeur artistique du théâtre La Licorne, Denis Bernard, en remplacement de Jean-Denis Leduc, qui a choisi de prendre une année sabbatique d'au moins un an, après 35 ans à la direction du théâtre.

C'est que la subvention attendue de Patrimoine Canada pour l'agrandissement de la salle de la rue Papineau - à même le programme Espace culturel annoncé dans le dernier budget fédéral - ne s'est pas encore traduite en espèces. Il nous manque l'annonce du ministre, explique Denis Bernard, pour qui il s'agit d'une première comme directeur artistique à la fois d'une troupe (La Manufacture) et d'un théâtre (La Licorne). S'il a accepté ce «magnifique défi» avec candeur et enthousiasme, il reconnaît que «ce n'est pas la situation la plus confortable.»

Sur le projet d'environ 6 millions, 3,3 millions ont été promis par Québec. 400 000 $ ont été amassés en collecte de fonds. Et on attend que le fédéral comble la différence. Au bureau du ministre du Patrimoine, James Moore, son attachée de presse, Stephanie Rea a indiqué hier que le dossier suivait son cours: «Il y a beaucoup beaucoup de dossiers et les efforts sont faits pour les régler rapidement...»

Mais puisqu'il faut bien bâtir la programmation, Jean-Denis Leduc et son successeur ont concocté un plan B, une saison composée de quelques reprises de pièces à succès, de plusieurs nouveautés, mais avec peut-être un peu moins de troupes invitées que par le passé. On n'invite pas la visite sans savoir si la maison sera ou non démolie...

Plusieurs fois récompensé au Gala des Masques en 2007, Coma Unplugged ouvre le bal au Rideau Vert en septembre, avant de partir en tournée un peu partout au Québec. Deux autres reprises seront présentées durant l'automne: PI...?! de Christian Bégin et Scotstown de Fabien Cloutier. Le dernier spectacle prévu à La Licorne actuelle aura lieu du 26 janvier au 6 mars: Au champ de Mars, une comédie satirique de Pierre-Michel Tremblay, qui tourne autour d'un jeune soldat revenu ébranlé d'Afghanistan et de sa psychiatre fatiguée.

En prévision des travaux qui, espère-t-on, devraient tout de même commencer en cours d'année, La Manufacture sera hébergée par la suite à L'Espace Go, où seront présentées en mars Les saisons (un portrait de quatre femmes signé Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent) et, à compter du mois d'avril, Félicité, que l'auteur Olivier Choinière présente comme «le portrait du Québec qui rêve d'être ailleurs», qui rêve à la «figure divine qu'est Céline Dion».

Jean-Denis Leduc a signé l'essentiel de la programmation. Là où Denis Bernard laisse sa marque cette année, c'est dans La Dizaine des auteurs, présentée du 9 au 18 novembre. Dix soirs durant, une quinzaine d'auteurs et créateurs qui ont fait La Licorne d'aujourd'hui, dont Fanny Britt, François Archambault (l'actuel auteur en résidence), Pierre-Michel Tremblay et Jean-Marc Dalpé, ont été invités à «préparer un gros party». Dix spectacles différents, 10 «happenings festifs». «Ça va brasser ici!» promet Denis Bernard.

Si Patrimoine Canada accordait sous peu sa subvention, les nouveaux locaux de La Licorne pourraient être prêts en mars 2011.

Programmation complète: www.theatrelalicorne.com