Du théâtre d'été par Daniel Lemire, c'est au-dessus des autres oeuvres du genre. Mais quand même en deçà de ses autres productions humoristiques.

Avec Clash, il signe sa première pièce de théâtre (coauteur Jean-Pierre Plante). Certes, on peut difficilement comparer la pièce avec ses spectacles, qui emploient différents langages scéniques et humoristiques. Mais on aurait quand même aimé qu'il colle un peu moins aux codes du genre.

La mise en scène est parfois caricaturale. On voit venir certains gags de loin, et quand ils arrivent, ils sont parfois surlignés en jaune.

L'histoire relate la rencontre des Bergeron et des Allard. Leurs enfants doivent bientôt se marier. Les Bergeron, des bourgeois citadins, se rendent souper à la rustique demeure laurentienne des Allard, des granos de classe moyenne. Une tempête de verglas s'abat alors. L'entrée est bloquée, et la visite s'étire. Plus le temps passe, plus la patience disparaît. Les différences ressurgissent, les conflits aussi.

Lemire a le mérite de ne pas peindre ses personnages en noir et blanc. Il n'y a pas vraiment de méchants. Tous sont différents et également malheureux ou presque.

Brian Bergeron (Sylvain Marcel) est un agent immobilier inculte et superficiel, le cellulaire toujours vissé à l'oreille. Sa femme Patricia (Geneviève Rioux), une bourgeoise névrosée, chasse l'ennui et l'angoisse à grandes lampées de vodka-pilules.

Christian Allard (Pierre Lebeau - aussi metteur en scène) incarne un directeur d'école fier de sa petite culture. Il partage son quotidien banal avec Monique (Dominique Pétin), matrone ménopausée, mais bien intentionnée.

Autant les individus que leurs couples sont acculés au mur dans ce quasi-huis clos. Que ce soit la religion, l'argent ou l'amour, l'intrigue fournira des prétextes pour ébranler les valeurs des personnages et les confronter à certains échecs de leurs choix. La table est ainsi habilement mise pour une pièce tragi-comique.

En fait, la pièce se veut surtout comique. Tellement qu'on force parfois un peu la note avec l'humour de situation et les cocasseries. La mise en scène est assez burlesque. Il y a le gag du type qui s'enfarge - à répétition - dans la maudite marche d'escalier. Aussi celui de la femme apeurée par une vermine - elle prend le temps de monter sur une chaise pour partager sa frousse. Une manoeuvre de réanimation servira même de prétexte pour distribuer quelques soufflets. On évite au moins les portes qui claquent et autres clichés assommants.

Certaines répliques sont aussi un peu exagérées. On aurait compris que Brian est matérialiste sans qu'il soit nécessaire de lui faire réciter le prix de ses différentes possessions.

Malgré ces réserves, il faut saluer le jeu des quatre acteurs. Plus la tension augmente, plus ils deviennent choqués et plus leur ton devient naturel et comique. C'est particulièrement le cas de la performance grinçante de Sylvain Marcel.

Au lieu de se répéter, Lemire prend le risque de mettre sa plume au service d'un autre type d'humour, ce qu'on doit souligner. Si on aime le genre, on appréciera assurément. C'est seulement qu'on s'ennuie parfois de ses répliques sardoniques et autres petites flèches. Elles existent encore, mais beaucoup moins.

___________________________________________________________________________________

Clash, jusqu'au 5 septembre à la salle André-Mathieu de Laval, puis ensuite en tournée au Québec.