C'est peut-être le plus convivial des festivals de théâtre à Montréal. On y entend des textes inédits en prenant une bière avec un auteur ou un comédien qui sont sortis de leur tanière pour lire un texte ou simplement, comme vous et moi, pour découvrir l'imaginaire d'un autre. Depuis huit ans, le Jamais lu révèle au vaste monde des textes inédits, parfois en chantier. Tout est permis au Jamais lu, autant les futurs succès à La Licorne que des expérimentations bancales, qui dormiront dans un tiroir pendant des années, avant de renaître de leurs cendres...

«Depuis deux ou trois ans, on commence enfin à sortir du petit cercle de professionnels et de gens directement engagés dans le monde du théâtre. Les gens commencent à comprendre l'intérêt d'assister à des lectures publiques. Et fait, c'est comme d'assister à un show de musique: il y a quelque chose de très brut là-dedans et en même temps, on laisse beaucoup de place à l'imaginaire», affirme la directrice artistique du festival, la jeune auteure Marcelle Dubois, en entretien téléphonique.

Pour moi, le Jamais lu est surtout une agréable façon de passer une soirée printanière. On tombe parfois sur des perles. Dans le pire des cas, on subit un texte à retravailler, et lu dans la bonne humeur.

O Patro Vys, son lieu de ralliement, se transforme pendant cette période en joyeux bunker où fourmillent des créateurs inspirés - et parfois un brin enivrés! Pour la première fois, le festival touche un premier «soutien au fonctionnement» octroyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec.

Appartenir à son époque

De moins en moins confidentiel, le Jamais lu élargit cette année son territoire du côté du TNM et dans les toutes neuves Écuries (où se tiendront les lectures jeune public). Et la huitième mouture du festival sera teintée d'une volonté de faire se rencontrer deux générations de dramaturges. Si bien que les Carole Fréchette, Michel Marc Bouchard et Larry Tremblay tendront l'oreille aux paroles des Anne-Marie Olivier, Geneviève Billette et Philippe Ducros.

«Pour bâtir cette huitième édition, nous nous sommes demandé comment être le plus actuels possible», relate Marcelle Dubois, en référence à ces échanges intergénérationnels intitulés Confession publique, qui se tiendront dans la salle de répétition du TNM.

Appartenir à son époque. Définir le rôle d'un auteur de théâtre. Inscrire sa marque en continuité avec ce qui a été écrit avant. Logé en fin de saison, le Jamais lu est un lieu de rétrospective et de réflexion pour le milieu du théâtre. Sa formule simple et sans prétention permet tous les risques, libère les artistes de toutes les pressions. Ce n'est pas un hasard si un metteur en scène aussi chevronné que Martin Faucher a choisi d'y faire entendre son tout premier texte à vie. Ou si trois artistes qui viennent de passer une année en résidence au Centre national des arts vont y dévoiler le fruit de leur travail auprès de Wajdi Mouawad. Ce festival est un lieu ouvert à toutes les formes, à tous les tons, à toutes les explorations.

Grâce au travail acharné d'une jeune relève, qui s'est battue pour la survie du Jamais Lu - il y a quelques années, son avenir était sérieusement compromis -, le festival est devenu un rendez-vous incontournable.

Allez y jeter un oeil, juste pour vous imprégner de ce que l'avenir de nos scènes sera fait. Ce n'est pas cher, on n'est pas cloué à notre siège si on s'ennuie et il y a de la bière. Et c'est du 1er au 9 mai (infos: www.Jamaislu.com).

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Entrée en scène

Blackbird, au théâtre Prospero, du 28 avril au 23 mai.

Sur les charbons, au théâtre de Quat'Sous, du 27 avril au 24 mai.

L'invisible, à l'Usine C, du 29 avril au 2 mai.

Les frères Laforêt, à La Licorne, du 28 avril au 23 mai.

THÉÂTRES D'ÉTÉ

Le cahier spécial L'été culturel sera publié le samedi 23 mai. Les responsables des théâtres d'été sont priés de faire parvenir leurs programmes, au plus tard le 1er mai, à : Pierrette Bouchard, La Presse, 7, rue Saint-Jacques, Montréal, Québec H2Y 1K9

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