L'univers kitch des films pornos inspire à Olivier Choinière une pièce à mi-chemin entre la performance et le théâtre. Les blondes-à-gros-seins-et-gorges-profondes et les mecs-montés-comme-des-étalons se retrouvent brocardés par une création non dénuée d'humour.

C'est une séance de travail pas banale que met en scène ParadiXXX: Marc Beaupré, Céline Brassard, Émilie Gilbert et Sébastien Rajotte prennent place aux tables sur scènes, aux côtés de deux bruiteurs. Ensemble, ils s'apprêtent à doubler un film porno, ParadiXXX, projeté sur un écran derrière eux.

 

Les amateurs d'exercice du genre apprécieront tout de suite les dialogues tout à fait improbables collés par les acteurs sur les non moins improbables scènes de rencontres hommes femmes qui servent d'intrigue (minces comme un G-String) aux films porno.

Car dans le film cochon, tout n'est pas toujours bon: les situations sont tout à fait ridicules - Mademoiselle passe l'aspirateur sous l'oeil lubrique de son patron; Monsieur le professeur corrige ses copies, mais corrigerait bien ses élèves en minijupes et talons hauts, etc. -, les doublages sont tout à fait absurdes: la charge érotique du film porno est sous nos yeux désamorcée.

Le bon coup - si je puis me permettre - d'Olivier Choinière tient à sa proposition de départ: montrer le porno tel que ses consommateurs ne le regardent jamais, au second degré, et au milieu d'une salle pleine et hilare. D'ailleurs, les moments tant attendus - la scène de cul elle-même - sont toujours sabordés par la mise en scène de la pièce: façon, sans doute, de rappeler la vacuité même du genre porno.

Rien pour les voyeurs

Olivier Choinière s'amuse aussi à inverser l'exercice: la bande-son du vrai porno est là, mais pas l'image. Les acteurs miment alors ce qui se passe dans le film et c'est tout aussi comique et peu sexuel (en dépit des mots et des positions) que les dialogues réinventés. Les voyeurs ne verront donc rien...

Malgré tout, une fois passés le plaisir et la surprise de voir les acteurs doubler le film, l'exercice tourne à vide. Que veut-on nous dire ou nous démontrer en mettant dans les dialogues du film porno des réflexions sur les arts? Que les amateurs de pornos seraient moins cons s'ils allaient plus souvent au théâtre au lieu de s'astiquer le manche devant leur ordinateur?

ParadiXXX peine à maintenir totalement l'intérêt du spectateur sur la longueur (1h40). Et au théâtre comme dans la vie, la bonne vieille assertion «plus c'est long plus c'est bon» ne se vérifie pas toujours... À souligner enfin, ParadiXXX inaugure le nouvel espace de théâtre Aux Écuries, dans l'est de Montréal. Un espace au potentiel très prometteur, qui mise sur l'originalité de sa programmation. À surveiller de près.

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ParadiXXX, d'Olivier Choinière, est présentée jusqu'au 14 mars.