Si les locaux du Théâtre des Deux mondes avaient explosé, hier après-midi, le théâtre émergent montréalais se trouverait subitement bien pauvre. Olivier Choinière, Sylvain Bélanger, Marcelle Dubois, Marylin Perreault, Olivier Ducas et Francis Monty, notamment, étaient du nombre des artistes de la relève venus célébrer l'inauguration du Théâtre Aux écuries, projet en veilleuse depuis 2005, et autrefois nommé La centrale.

«C'est un lieu pour accueillir la relève et se surpasser dans la recherche et la création. Aux écuries sera à la fois un centre de recherche, de diffusion et de création, ainsi qu'un incubateur où se façonnent les oeuvres», a expliqué David Lavoie, directeur général du nouveau théâtre situé au 7285, rue Chabot. «Au lieu de devenir bourgeois, nous animerons un théâtre de quartier, comme le cinéma Beaubien qui est devenu un modèle de culture décentrée», a-t-il ajouté.

 

Rebaptisé Aux écuries - une galerie d'art féministe réclamait l'exclusivité du nom La centrale - le nouveau lieu a mis quatre ans avant de voir le jour. À l'origine, le théâtre devait être logé au sous-sol de la Maison des sciences humaines de l'UQAM. Puis, en raison de coûts de rénovation trop importants, l'UQAM a proposé de reloger les artistes à la bibliothèque Saint-Sulpice. Lorsque l'Université a vendu l'immeuble, La centrale s'est retrouvée une fois de plus orpheline.

Après les seconds états généraux du théâtre, qui reconnaissaient l'importance de créer un lieu consacré à la relève, les Deux mondes ont offert leur aide, dans un geste de collaboration «intergénérationnelle».

«Aux écuries n'est pas créé pour donner une succession aux Deux mondes. Nous sommes là pour de bon. Cependant, nous estimons que c'est désormais à notre tour de faire quelque chose pour la génération qui suit», a déclaré Pierre McDuff, codirecteur des Deux mondes, qui a dévoilé les plans d'agrandissements de l'immeuble, dont les travaux sont estimés à 2 millions.

Un chantier de six à neuf mois sera nécessaire pour construire un second étage à l'immeuble. Aux écuries sera doté d'une salle de répétition, d'une salle de spectacle pouvant accueillir une soixantaine de spectateurs, d'espaces pour ranger les décors, etc. Ne manque plus que le financement.

«Depuis un an, nous avons réuni les bailleurs de fonds pour leur dire que nous souhaitions aller de l'avant. Notre projet a été bien reçu par les Conseils des arts», fait valoir Pierre McDuff, qui estime qu'Aux écuries pourrait bénéficier des enveloppes pour les infrastructures prévues dans le plus récent budget fédéral.

Avant que soit enfin levée la première pelletée de terre, Aux écuries donnera un avant-goût de l'effervescence du théâtre émergent montréalais. Une saison d'ouverture (du 4 mars au 7 mai) diffusera 34 activités, toutes porteuses de la signature d'Aux écuries. Olivier Choinière ouvrira le bal avec ParadiXXX, une séance de doublage de films pornographiques devant public.

Aux écuries présentera aussi OEuvre de destruction (un texte signé Marcelle Dubois), le classique de théâtre d'objets Ubu sur la table ainsi qu'un Cabaret clownesque (deux spectacles de la Pire Espèce), Peanuts du Théâtre du Grand Jour, Je voudrais (pas) crever (du collectif DuBunker), des manifestations du Festival du Jamais Lu et des extraits de textes du Théâtre I.N.K.