C'était soir de première et pourtant, la Cinquième salle de la Place des Arts était clairsemée. À peine quelques dizaines de curieux avaient bravé le froid pour s'initier au théâtre de Yael Farber, une artiste d'origine sud-africaine établie à Montréal depuis trois ans.

Si Molora, une transposition de l'Orestie sur l'Afrique du Sud post-apartheid, est à l'image de l'ensemble de son oeuvre, je soupçonne que Yael Farber ne tardera pas à se faire un nom dans sa ville d'adoption. Sinon, j'imagine qu'elle se débrouillera bien sans nous, puisque ses pièces sont déjà jouées un peu partout dans le monde.

 

Pour l'habitué du circuit théâtral montréalais, Molora a tout d'un «show de festival». Il y a le jeu très physique et intense des actrices et la présence d'un choeur de musique traditionnelle sud-africaine. Jusqu'au propos (la volonté de briser le cycle de violence par la Commission Vérité et Réconciliation), qui contraste avec les thèmes abordés sur nos scènes. On peut aimer ou pas, être rebuté par le genre ou encore être séduit par l'authenticité de la démarche. Chose certaine, ce genre de production qu'on voit rarement en saison nous fait voyager.

Les rencontres avec les artistes de théâtres d'ailleurs se font trop rares à Montréal. Voilà pourquoi il fait bon aller se rincer l'oeil du côté de La Chapelle, qui cette année renaît de ses cendres avec une programmation audacieuse qui fait la part belle aux artistes d'ailleurs.

Il y a aussi le festival Temps d'images à l'Usine C (du 19 au 28 février), pour découvrir des oeuvres des compagnies Temporary Distorsion et Big Art Group (de New York), Motus (d'Italie) et Dernière Minute (de France). Krum, du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski (à ce sujet, voir notre entrevue avec Wajdi Mouawad), vaudra certainement l'aller-retour Montréal-Ottawa pour une visite au CNA.

Et puisqu'il reste encore tout un hiver à traverser avant le FTA - qui, cette semaine, révélait une partie de sa programmation -, des spectacles comme Molora sont des cadeaux aussi inespérés qu'un redoux en janvier.

Le budget sourit à La Licorne

Si tout va comme prévu, 2010 sera l'année chanceuse de La Licorne, qui pourra enfin être rénové et agrandi. «Ce sont de bonnes nouvelles pour nous», a exprimé Jean-Denis Leduc, réagissant à l'injection de 60 millions de dollars pour deux ans dans le programme Espace culturel dans le budget fédéral dévoilé mardi dernier. Reste seulement à recevoir la confirmation définitive de Québec, établir un échéancier, faire les appels d'offres, et La Licorne pourra agrandir et moderniser ses deux salles.

Une excellente nouvelle pour le théâtre montréalais.