Les journées passent, mais ne se ressemblent pas. Le festival jeune public, qui se poursuit jusqu'à dimanche, proposait cette semaine plus d'une dizaine de spectacles, sans parler des événements parallèles et des fameuses bulles extérieures où l'on narre des contes... Toutes les productions rivalisent d'audace, certaines gagnent leur pari, d'autres non.

Hier et mercredi à l'Usine C, Daniel Danis présentait Kiwi, un théâtre-film créé en France il y a un an, qui nous plonge dans le monde «adulte» des enfants de la rue. Une oeuvre puissante qui marquera certainement ces 10es Coups, tant par la forme que par le contenu de ce récit poétique, à la fois dur et touchant.

 

Sur scène, deux écrans géants projettent l'image des deux comédiens qui sont filmés en temps réel avec une caméra à vision nocturne. Sont également projetées en alternance des images de bidonvilles et de sans-abri, qui appuient le propos de l'auteur qui signe aussi la mise en scène. L'effet est saisissant.

Les personnages qui sortent de l'objectif à l'occasion (Marie Delhaye et Baptiste Amann, tous deux excellents), interprètent avec beaucoup de justesse et de sensibilité le drame de Kiwi et Lichi, deux ados qui vivent dans la rue avec leur gang: Papaye et Mangue, Tangerine, Échalote, Raisin, Citron, etc. Mais, détrompez-vous, il n'y a rien de comique chez ces marginaux aux noms de fruits et de légumes, qui se sentent exclus de la communauté humaine.

Ces ados qui volent, qui se droguent et se prostituent dans l'espoir de jours meilleurs, tentent de survivre à une «opération de nettoyage» en vue des Jeux olympiques. Les personnages vivent de nombreux drames avant de goûter à quelques moments d'espoir et de bonheur. Dommage qu'il n'y ait eu que deux représentations.

Bang Boy, Bang!

Plus tôt cette semaine, l'organisation des Coups de théâtre a voulu faire une fleur au Youtheatre, qui fête cette année ses 40 ans, en présentant (en français) une pièce de l'auteur canadien Ed Roy, Bang Boy, Bang!

Interprété avec beaucoup d'aplomb par le jeune comédien Benoît Drouin-Germain, Bang Boy, Bang! raconte sans censure l'histoire de Rod Clark, un ado de 16 ans qui, le lendemain d'un party, tente de reconstituer les événements d'une soirée tout en excès, qui se conclut par le viol d'une jeune fille.

Seul sur scène, dans une salle remplie d'adolescents qui l'ont longuement applaudi, Benoît Drouin-Germain réussit avec gravité et humour à nous faire entrer dans son monde pollué par la publicité et la pression sociale (quand une fille dit non, ça ne veut pas nécessairement dire non...), à l'origine de ses dérapages.

Des images sont projetées sur un écran à l'arrière-scène, et mettent en scène quelques-uns des personnages du récit. Présentées comme des flashbacks, le comédien dialogue avec ces images, proposant ainsi un voyage intérieur qui est loin d'être banal.

Oz

Déception pour cette adaptation du Magicien d'Oz, qui ne parvient pas vraiment à décoller. L'équipe fait bien quelques trouvailles scénographiques intéressantes, mais les trompettes du récit fantastique écrit par Frank Baum, sont mal embouchées.

Le casting y est sans doute pour quelque chose, tout opposant le personnage de la jeune Dorothy à son interprète et narratrice, Marie-Thé Morin. Les portions chantées sonnent la plupart du temps faux, même si cela n'empêche pas les enfants, indulgents, d'embarquer timidement dans l'aventure qui en était quand même à sa 125e représentation.

Pier Rodier réussit l'impensable en interprétant tous les autres personnages: le lion, l'épouvantail, le bûcheron en fer blanc, le magicien d'Oz, la sorcière de l'est, le chien Toto et qui encore... Mais, on a beau être créatif, et on ne doute pas de la bonne volonté de ces créateurs, on a l'impression que la Compagnie Vox théâtre a tout simplement manqué de moyens.

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Pour l'horaire complet des spectacles présentés jusqu'à dimanche: www.coupsdetheatre.com