Un gars. Une fille. Une attaque nucléaire. Un bunker. Le gars aime la fille qui, elle, ne veut rien savoir. Il veut jouer à Donjons et Dragons. Elle trouve ça débile. Mais le bunker appartient au gars, de même que le réchaud, la couverture, la bouffe. Donc la fille a intérêt à être fine... « C'est vraiment trash «, dit Sophie Cadieux, de la pièce Après la fin, de Dennis Kelly, qui prend l'affiche de La Licorne mardi.

Maxime Denommée et Sophie Cadieux doivent bien avoir quelques atomes crochus, eux qui pendant cinq ans ont été «chum-blonde» dans la défunte série Rumeurs. Mais dans Après la fin (After the end), les rôles sont modifiés. Maxime Denommée met sa casquette de metteur en scène et c'est un autre Maxim (Gaudette) qui joue le chum de Sophie. Un huis clos où le conflit homme-femme est nourri à grandes pelletées de poudre à canon.

 

«C'est une lutte de pouvoir entre deux personnages qui finissent par devenir des animaux. Ils sont enfermés dans un abri où il n'y a plus de bouffe, aucune hygiène et un couteau. Leurs perceptions deviennent un peu troublées», résume la comédienne, de retour sur les planches après un été parisien où elle a repris le rôle de Braidie dans Cette fille-là.

Dans Après la fin, la comédienne à la voix de gamine personnifiera Louise, une jeune femme «sauvée» par Mark, le soir d'un attentat nucléaire terroriste. «Elle était dans un pub avec toute sa gang du bureau. Mark, son coéquipier de travail, l'a amenée dans son bunker. Mais comme elle était très soûle, elle ne se rappelle de rien.»

Louise se réveillera dans l'abri en question, en état de choc, auprès de Mark qui s'est amouraché d'elle. «Comme elle a un caractère fort, ils commencent un jeu de chat et de souris. La bouffe est rationnée et Louise a une attitude vindicative. Quant à Mark, il sait que c'est «son abri», «sa» couverture», «son» réchaud, «sa» nourriture...»

Implosion terroriste

Un duel politico-personnel. Une métaphore du couple comme entité autodestructrice. Une analogie sur la paranoïa, en temps d'insécurité planétaire. Toutes les interprétations d'Après la fin sont permises. Comparaison amusante: Maxime et Maxim y voient plutôt la métaphore sociale. Tandis que Sophie Cadieux perçoit le texte de Kelly comme une autopsie du couple.

«C'est comme une longue chicane de deux personnes prises dans un huis clos. Elles vivent des moments dramatiques, des situations tendues, des batailles, des luttes de pouvoir verbales et physiques. Mais si tu ne tues pas l'autre, il te reste à aller te coucher et lui tourner le dos.»

La comédienne nous prévient qu'Après la fin fouille sans gants blancs dans le côté sombre et scabreux de l'être. Et que ça ne sent pas toujours la rose là-dedans. «Ça correspond à l'idée qu'on se fait du théâtre anglais contemporain des années 90. La haine est proche d'une sexualité intense, la tendresse est proche de l'amour et de l'amitié. Tout ça se mélange dans les extrêmes.»

La vraie terreur est celle causée par la peur et le repli sur soi, suggère également cette pièce écrite en 2005. «Mark, comme beaucoup d'Anglais, est un fana d'abris nucléaires. Mais son abri reflète une peur de l'autre de sa société, la fermeture des frontières.»

Un mélange trash de Loft Story et Survivor, avec un fond de cynisme anglais? Faudrait être naïf pour espérer un happy ending de cet Après la fin.

Après la fin, texte de Dennis Kelly, traduction de Fanny Britt, mise en scène de Maxime Denommée, du 14 octobre au 22 novembre à La Licorne.