Nathalie Claude est une étrange créature. Les téléspectateurs la connaissent pour son rôle de Tite-Laine, dans la série Km/h. Comédienne, metteure en scène, danseuse, écrivaine, elle est aussi maître de cérémonie et même drag king à ses heures. La pimpante rouquine s'apprête maintenant à donner la réplique à des automates, sur la scène de l'Usine C.

Tout a commencé avec L'âge d'or des automates (1850-1914). En lisant cet ouvrage, Nathalie Claude a vu naître en elle une fascination pour les ancêtres des robots. «Les automates étaient des objets très prisés de la bourgeoisie. On les apercevait dans les cabinets de curiosité chez les gens, ou encore dans des expositions universelles», explique la créatrice du Salon automate. Un spectacle qu'elle a écrit, mis en scène et dans lequel elle joue, qui parle de la solitude des humains et de leur rapport avec la machine.

 

«Ça fait trois ans que je rêve de faire un show avec des automates sur scène. Des acteurs qui seraient des robots qui parlent, réfléchissent... L'univers des salons littéraires, où l'on parle, jase, exprime des points de vue tout en partageant du bon temps, m'intéressait aussi. D'où l'idée de faire un show qui mélange ces deux sujets.»

Mais imaginer un salon littéraire dont les dignitaires seraient des robots en métal, c'est bien joli, mais ce n'est cependant pas le plus accessible des fantasmes. Mais si vous avez la chance de connaître des concepteurs emballés par vos projets les plus fous, tout devient possible.

«Le scénographe Raymond Marius Boucher a été le premier à croire que oui, on pouvait faire ça. Après un long processus, on se retrouve avec de vrais robots qui sont très minimaux qui bougent et qui parlent (Marie-France Lambert, Céline Bonnier et Patrice Coquereau interprètent les voix.) Comme à l'époque des automates!»

D'horreur et de fascination

Les films d'horreur des années 70, les vieux films de robots de robots, la tragédie grecque et les récits d'Edgar Allan Poe sont autant de sources d'inspiration pour celle qui a créé des pièces dans un couvent (Les filles de Séléné) et dans un cimetière (La fête des morts).

Pour comprendre la fascination de Nathalie Claude pour les automates, il faut retourner dans ses souvenirs d'enfance de la bonne femme du parc Belmont, qui riait dans la maison hantée. «Si je fais ce show, c'est à cause de cette femme-là», s'exclame celle qui, enfant, était terrorisée par le personnage.

Le sujet de la solitude contemporaine est l'épine dorsale de cette pièce dans laquelle Nathalie Claude incarne une femme seule entourée de ses amis automates manipulés par ordinateur. «Cette fausse humanité qui l'entoure peut être un point de vue moderne sur notre rapport à la technologie. Les robots sont assis, polis, dans des fauteuils de salon. Je n'étais pas intéressée par l'esthétique moderne du robot. Je ne voulais pas que ça fasse Star Wars.

Petite soirée entre robots

Nathalie Claude est arrivée à la scène par la voie du théâtre physique («tout a commencé avec Omnibus et Carbone 14»), avant de faire des escales chez Pigeons International, Dominic Champagne et Claude Poissant. Depuis une dizaine d'années, elle a créé cinq spectacles solos qui ont été présentés notamment à Berlin, en Slovénie et en Italie. Dernier volet de sa «trilogie de la folie» Le salon automate se penche sur la nécessité de la présence humaine au théâtre. «Comme interprète, c'est un défi de jouer avec eux. Dans la conception du spectacle, il était très important que mon jeu n'écrase pas les robots, et qu'eux ne m'écrasent pas.»

Quant au salon littéraire, ses échanges commencent par d'anodins jeux de mots, pour ensuite tourner autour de la vie, la mort, le sens de l'existence... «Prêter une âme à la matière animée m'a poussée dans ces questions.»

On ne peut quand même pas s'attendre à des conversations sur l'art ménager, dans un salon littéraire tenu par la bonne femme du parc Belmont...

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Le salon automate, une présentation de Momentum en coproduction avec l'Usine C, à l'Usine C du 7 au 25 octobre.