«Oui, oui, j'ai bien aimé ça. Sauf que j'en ai manqué des bouts: j'ai somnolé un peu!» confiait une dame à sa compagne à l'issue de la pièce Halpern et Johnson. Il serait exagéré de prétendre que le public de chez Duceppe cognait des clous à l'unisson. Mais une chose est certaine: la metteuse en scène Monique Duceppe ne cède pas à l'attrait de la rapidité avec cette pièce d'une autre époque qui plaira peut-être à certains nostalgiques d'un théâtre très conventionnel. Et encore.

D'abord, on peut se demander quelle est la pertinence de monter ce texte de Lionel Goldstein, qui reconstruit dans les détails les plus anodins (et inutiles) l'amitié naissante entre deux hommes faits pour se détester.

 

C'est que, voyez-vous, tous deux ont aimé la même femme. Halpern (François Tassé), homme d'affaires pragmatique et bourru, a été marié pendant 50 ans à Flo. Johnson (Gérard Poirier), gentleman épris d'opéra et de culture, a quant à lui cultivé pendant autant d'années une tendre et chaste amitié avec Florence. Ces platoniques rencontres se tenaient toujours à la même table du même restaurant.

Leur belle est morte, et les deux hommes tissent un lien et se révèlent leurs secrets. L'un apprend à l'autre que la belle Florence aimait prendre son thé au lit le matin et collectionnait les gants. L'autre lui apprend qu'elle n'acceptait de se faire baiser la main que gantée, qu'elle avait des opinions politiques et qu'elle appréciait l'art. À travers tout cela (la pièce fait quand même deux heures sans entracte!) il y aura quelques pointes de jalousie, de mépris, de colère et deux ou trois blagues de prostate. La vie est courte, il faut bien rire un peu!

Tout cela se déroule dans un décor on ne peut plus conventionnel: paysage new-yorkais en toile de fond, tapis gazon sur la très vaste scène du théâtre Jean-Duceppe.

Beaucoup de bavardage, de souvenirs, d'anecdotes tissent cette pièce, qui parle de l'héritage que laissent derrière eux les disparus. Le dialogue, rendu avec justesse par deux comédiens de métier, prend forme dans une mise en scène statique.

Bref, difficile de situer ce Halpern et Johnson dans le panorama théâtral tellement il apparaît anachronique. Mais il plaira certainement à certains spectateurs pour qui somnoler au théâtre n'est pas l'équivalent de s'ennuyer. Il en faut pour tous les goûts.

................................................................

Halpern et Johnson, de Lionel Goldstein, dans une mise en scène de Monique Duceppe, jusqu'au 18 octobre au théâtre Jean-Duceppe.