«Je prends une direction plus intime et personnelle, annonce André Sauvé. Même spirituelle, même si on n'ose pas utiliser ce mot-là, comme si c'était tabou.»

L'humoriste rode son troisième spectacle solo, intitulé Ça, depuis juillet dernier. Au cours des prochaines semaines, il le présentera à Québec, à Montréal et un peu partout en province.

Mais peut-on décrire André Sauvé comme un simple humoriste? Il est aussi philosophe et fin observateur.

André Sauvé est sorti ravi de ses spectacles donnés avec l'Orchestre symphonique de Montréal au début de l'année. Il en a par ailleurs gardé le numéro intitulé Parler, alors qu'il a fait passer de 7 à 35 minutes celui qui porte sur les «aléas» de la vie.

«Nous avons fait cinq supplémentaires qui n'étaient pas prévues, souligne-t-il. Quand on fait quelque chose qui nous semble plus grand que nature et que cela marche autant, on en ressort nourri.»

Elle est «différente», mais la pression d'un nouveau spectacle est toujours là. «Je me suis beaucoup questionné: est-ce que j'en fais un troisième? Mais depuis qu'il est écrit, je sens qu'il y a une progression et que je fore un puits.»

«On rit dans le spectacle, mais à la fin, je m'en vais vers quelque chose qui est moins humoristique et qui est philosophique. Finalement, quand on parle de façon plus personnelle, cela touche plus les gens.»

L'un des numéros de Ça porte sur la marche. La source d'inspiration est le concept animalier de l'Umvelt, développé par le naturaliste et biologiste allemand Jakob Non Uexküll. «L'animal ne voit de la réalité que ce qui le concerne, explique André Sauvé. Je transpose ce principe aux humains. De la grande réalité, on ne voit pas tout.»

«J'ai beaucoup été inspiré par la nature, poursuit-il. Dans la nature, nous sommes forcés de voir des lois naturelles qui sont plus grandes que nous. Il y a un chaos dans la nature, mais aussi une harmonie. Nous, comment retrouver cette harmonie à l'intérieur?»

C'est maintenant connu, André Sauvé partage sa vie entre Montréal et sa maison nichée dans les Alpes françaises, où vit son amoureux. «Entre la ville et la nature, précise-t-il. Pour comprendre l'humain et me rapprocher de moi-même, il faut parfois que je m'en éloigne.»

Le copain d'André Sauvé a mené une vie d'homme d'affaires intense et jet-set. Or, à 40 ans, il a décidé de changer de vie. «Il a fait le tour du monde, du yoga, de la méditation...»

«Un peu comme toi, finalement?

- Oui! Tous les deux, nous sommes allés en Inde, mais pas en même temps. Nous partageons les mêmes idéaux de vie.»

André Sauvé a beau être heureux, il se pose encore un tas de questions...

La volonté et le destin

André Sauvé invite le public à réfléchir sur la lutte entre «la volonté» et «le destin». «Il y a ce que l'on veut et le destin. Pour qu'il y ait une entente entre les deux, il faut lâcher prise.»

Il est le meilleur pour en parler. Jeune, il ne pensait jamais monter sur scène. Il raconte par ailleurs dans Ça la brève époque de sa vie où il a gagné sa vie comme peintre en bâtiment.

«Je m'accorde du mérite d'avoir surmonté ma peur de tourner des pages sans savoir quelle était la suivante. Je ne serais pas ici sinon...»

L'homme qui avance dans la cinquantaine - qui se dit à la fois impatient et sensible - se projette peu dans l'avenir. Or, il sait que la créativité devra toujours faire partie de ses occupations.

Qu'est-ce que signifie, en somme, le titre de son nouveau spectacle, Ça? Ce qui nous fait avancer dans la vie. Les choses que l'on décide, comme celles que nous ne contrôlons pas.

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André Sauvé sera en spectacle à la salle Albert-Rousseau, à Québec, du 3 au 6 octobre, puis au Monument-National, à Montréal, du 9 au 13 octobre.