Guillaume Wagner est en rodage tout l'automne avec son troisième spectacle solo intitulé Du coeur au ventre. Deux ans après la tournée de Trop humain, l'humoriste sera de retour en mai 2019, à Montréal, pour présenter le résultat de trois années de labeur.

Ce troisième spectacle semble être le fruit d'une longue réflexion. Comment l'avez-vous écrit?

C'est pas mal le spectacle sur lequel j'ai travaillé le plus longtemps depuis mes débuts! Quand j'ai lancé le Dr Mobilo Aquafest, je m'étais donné comme défi de créer une nouvelle heure chaque année. En trois ans, je me suis donc ramassé avec trois heures de nouveau matériel. J'ai décidé de prendre ce qui fonctionnait le mieux et de trouver une structure pour mon nouveau spectacle. Je continue d'ajouter des choses encore en ce moment. Je suis incapable d'écrire un show en deux mois comme font certains humoristes. Le stand-up est quelque chose de très minutieux, quasiment de l'artisanat. Tu dois ajuster tes jokes une à une, ça doit être efficace et amener une réflexion. Il n'y a pas de secret: j'ai pris mon temps.

Quel est le fil conducteur? De quoi aviez-vous envie?

Au regard de tout ce que j'avais écrit, j'ai réalisé que j'avais envie de parler d'individualisme, du narcissisme de ma génération avec les réseaux sociaux, de notre aspect consommateur sur tout. C'est une réflexion sur ma génération, sur la manière dont on fonctionne dans la société. Le titre au spectacle, Du coeur au ventre, fait référence au courage de ne pas obligatoirement être cela. On est à une période critique où il va falloir avoir le courage de changer nos habitudes, sinon ça ne va pas aller bien. C'est un peu la trame narrative du spectacle.

Vous êtes connu pour être très cynique par rapport à la vie. Est-ce que la naissance de votre fils a changé quelque chose dans votre manière de faire de l'humour?

Oui, c'est un changement crucial. Pour la première fois de ma vie, j'expérimente l'amour inconditionnel. Je suis très cynique dans mes affaires, et pessimiste par rapport au monde. Mais tu te rends compte que ça ne me dérange pas par rapport à moi, mais le destin de mon gars, c'est autre chose! Tu passes un peu plus en mode solution, tu essayes de trouver des pistes et tu es un peu moins détaché de tes blagues cyniques et pessimistes. Ça demeure le ton, mais j'essaye de trouver des pistes. Bien des choses ont changé depuis mon premier spectacle. Il était très juvénile, provocateur, je donnais des coups de pieds, j'essayais de faire ma marque. J'étais parfois malhabile. Je crois que c'est ce qui a le plus changé. Je suis encore baveux et provocateur, mais je ne provoque plus gratuitement.

Est-ce que l'actualité de la dernière année a été inspirante?

J'essaye de ne pas trop être collé sur l'actualité pour rester intemporel. Mais je n'avais pas trop le choix de parler de #moiaussi. Il y a eu trop d'affaires par rapport à ça qui ont touché le show-business que je n'avais pas le choix d'en parler. J'ai essayé de trouver un angle pour le faire. Alors je m'adresse aux gars. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que ces femmes ont vécu, mais j'ai celle d'être un gars qui sait comment parlent les gars entre eux. J'ai décidé de faire un segment au début du spectacle pour leur dire qu'il y a des ajustements à faire. C'est un sujet délicat et je crois que beaucoup de gens se sentent mal par rapport à ça, incluant moi. Je parle aussi de la remise en question en humour, dans la manière qu'on aborde le sujet, sur les jokes qu'on ne peut plus faire, sans quoi il faut assumer les conséquences. Tout cela m'a beaucoup interpellé.

Jay Du Temple et Martin Matte se sont prononcés récemment contre les premières médiatiques montréalaises. Comptez-vous en faire une?

Je vous confirme qu'il y en aura une, en mai 2019! Je n'ai jamais eu de problème avec ça. Je considère que c'est de la publicité gratuite pour un spectacle: les gens viennent voir ton spectacle, aiment ou n'aiment pas. Au final, le public lit les critiques et va vouloir se faire sa propre opinion. Je ne suis pas insécure au point de me dire que si j'ai de mauvaises critiques, les gens ne viendront pas me voir. Il y a toujours eu de la critique et il y en aura toujours. Du moins je l'espère! J'aime quand il y a des critiques plus négatives, car à une certaine époque, tout était toujours positif: tous les spectacles étaient merveilleux, tout était bon. Tout à coup, les critiques ont eu plus de mordant et je suis pour ça. S'il y en a pour mon spectacle, il va falloir que je la prenne aussi. C'est quelque chose de nécessaire. 

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Guillaume Wagner sera en rodage avec Du coeur au ventre le 12 octobre au Club DIX30 de Brossard.

Image fournie par Guillaume Wagner

Affiche du spectacle Du coeur au ventre de Guillaume Wagner