Alors que certains rêvent depuis toujours de devenir humoristes, d'autres ont déjà connu une première carrière avant de rejoindre les rangs de l'École nationale de l'humour (ENH). La Presse a rencontré six élèves aux parcours bien différents pour mieux comprendre ce qui les avait amenés à s'y inscrire.

Pierre-Luc Racine

Âge: 33 ans

Programme: Écriture humoristique

Profil: Actuaire dans une firme de consultants

Style: Analytique. «Mon background fait que j'aime décortiquer les choses, les incompatibilités logiques.»

«En 2011, j'ai lancé le podcast 3 bières, qui a remporté un Olivier l'an dernier. L'actuariat me rendait profondément malheureux et j'ai toujours été un comedy nerd. Même si je fais de la scène, je me suis présenté aux auditions de l'ENH pour intégrer le programme d'écriture, notamment pour pouvoir faire le stage en entreprise. Sans l'École, je n'aurais pas découvert les techniques de travail pour maximiser mon rythme d'écriture et je n'aurais pas eu de safe space pour me planter.»

Arianne Maynard-Turcotte

Âge: 30 ans

Programme: Écriture humoristique

Profil: Enseignante en art dramatique

« J'ai enseigné deux ans au secondaire. Je n'avais pas de plaisir ni de temps pour mes projets de création. Je suis partie travailler dans la microbrasserie qu'avait ouverte mon frère. J'ai tenté d'entrer à l'École nationale de théâtre en écriture, mais ça n'a pas fonctionné. Je suis venue faire un cours du soir à l'ENH avec toutes sortes de préjugés venant du monde du théâtre par rapport à l'humour. J'ai vraiment eu du fun et je pouvais écrire ce que je voulais. J'ai fait les entrevues et j'ai été prise. »

Photo François Roy, La Presse

Arianne Maynard-Turcotte

Marie Hérion

Âge: 26 ans

Programme: Création humoristique, 1re année

Profil: Étudiante belge dans un conservatoire de théâtre

Style: «En construction [rires].»

«J'ai habité à Montréal de 9 à 14 ans et c'est comme ça que j'ai entendu parler de l'ENH. Mes parents sont comédiens, et j'ai fait un conservatoire de théâtre en Belgique, mon pays d'origine. L'humour m'intéressait, mais je voulais m'ouvrir aux autres arts de scène. Je vois ça comme des études en médecine et l'ENH est ma spécialisation. J'étais de passage ici l'an dernier et j'ai passé l'audition. J'espère pouvoir travailler plus tard sur les deux continents. L'École m'a aidée à tenter des choses avec lesquelles je n'étais pas à l'aise du tout, comme le stand-up à proprement parler, tout en puisant dans mes qualités théâtrales.»

Photo François Roy, La Presse

Marie Hérion

Jonathan Côté

Âge: 26 ans

Programme: Création humoristique, 2e année

Profil: Militaire et improvisateur

Style: «J'ai toujours fait rire, mais en étant toujours un personnage. Alors maintenant, j'essaye d'être moi!»

«L'ENH est un rêve de ti-cul. Au début de l'adolescence, je suis rentré chez les cadets. À 16 ans, je suis devenu militaire. Mon objectif était de m'en aller en Afghanistan! Je m'entraînais pour ça. Finalement, je suis entré au cégep, j'ai commencé l'impro et j'ai changé mon fusil d'épaule! J'ai commencé un bac en récréologie, mais j'ai arrêté avant la fin de la dernière année. Je me suis essayé à l'ENH et ça a marché du premier coup. Je sentais que c'était la bonne place pour moi. J'étais à Québec et il y avait zéro soirée d'humour. L'École était la seule option pour moi.»

Photo François Roy, La Presse

Jonathan Côté

Marylène Gendron

Âge: 21 ans

Programme: Création humoristique, 2e année

Profil: Humoriste

Style: «Je parle beaucoup de moi, de mon évolution grâce à l'humour. C'est un peu de l'humour-thérapie!»

«J'ai commencé à faire des shows à Secondaire en spectacle. Je venais d'avoir 16 ans et mes amis me disaient que je devrais aller à l'ÉNH. La semaine de ma fête, je me suis inscrite à des cours du soir et, dans ce cadre-là, j'ai fait mon premier show comme je le fais dans les bars. Ça m'a confirmé que je voulais devenir humoriste. J'ai auditionné à 18 ans et je n'ai pas été prise après le stage. La seconde fois a été la bonne. Entre-temps, je me suis beaucoup tenue dans les soirées d'humour. J'avais le goût de le vivre, d'écrire chaque semaine. L'École m'a apporté de la maturité.»

Photo François Roy, La Presse

Marylène Gendron

Guillaume Lacelle

Âge: 32 ans

Programme: Création humoristique, 2e année

Profil: Ingénieur

Style: «La réflexion sur la société. J'aime la scène, mais j'aimerais aussi écrire pour la télé.»

«J'ai fait des ponts et des échangeurs pendant sept ans! J'aimais ma job, c'était payant et valorisant. Mais en même temps, il y avait un petit côté aliénant à travailler 70 heures par semaine. Ton côté créatif n'est pas hyper sollicité. Je me remettais un peu en question et je suis tombé sur les auditions de l'ÉNH sur mon fil Facebook. J'étais bon à l'école et dans les sports. Pour moi, le chemin était tout tracé pour aller à l'université et jouer au football. Les arts étaient un rêve inaccessible. Je suis venu auditionner pour le trip de me prouver que j'étais capable de faire un monologue de cinq minutes. Et j'ai été accepté! J'ai dû prendre une décision majeure. Je travaillais pour l'ancienne compagnie d'Accurso et ils ont fermé mon département. J'allais annoncer à mon boss que je m'en allais et j'ai été mis à pied. Les étoiles étaient alignées, disons!»

Photo François Roy, La Presse

Guillaume Lacelle