Comme la plupart des drag-queens, Guy Hermon, alias Crystal Slippers, adooore se transformer en Céliiiine. Maquillage et confidences...

Dix pouces de fond de teint. De l'ombre à paupières. Des faux cils de trois mètres de long. Du rouge à lèvres. Une perruque, une jupe sexy avec des paillettes. Et, bien sûr, un miroir.

Il faut près d'une heure et demie à Guy Hermon pour se transformer en Céline Dion, période Incognito. Il aurait pu choisir Céline à 12 ans, avec le grand collet blanc de la pochette de son premier disque. Ou Céline version Vegas, avec les cheveux blonds et les tenues de diva surnaturelle. Mais aujourd'hui, c'est Incognito, parce que ce look l'obsède, dit-il, et qu'il sera déguisé comme ça pour ses prochains spectacles au Wiggle Room.

Vous l'aurez compris: Guy Hermon est une drag-queen. Homme de jour, il devient femme la nuit et se trémousse dans les clubs sous les traits de Crystal Slippers. Son show inclut des imitations de Judy Garland, Whitney Houston ou Mariah Carey, mais, depuis quelque temps, c'est son hommage à Céline Dion qui marche le mieux.

Icône queer

Comme beaucoup de ses confrères - devrait-on dire consoeurs? - , Guy se dit fasciné par la chanteuse québécoise, devenue une icône queer absolue. Fasciné par son exubérance, son langage corporel, ses émotions sous stéroïdes et, bien sûr, ses chansons surproduites.

«C'est une superstar. Elle est tellement glamour. Tellement extra-intense. Tout est gros chez elle. Tout est fou. On ne peut qu'avoir du plaisir à l'imiter... Et en plus, elle vient du Québec.»

Contrairement à beaucoup de drags, qui ont pour elle un amour inconditionnel, Guy Hermon garde toutefois son sens critique. Plus jeune, il n'était pas un fan d'elle, et il se rappelle l'avoir trouvée «grossière» quand il l'a vue se marteler la poitrine en chantant My Heart Will Go On à la soirée des Oscars.

Depuis lors, il est tombé sous le charme de la chanteuse, mais il reste lucide. Success-story, d'accord. Mais à quel prix? 

«On nous présente cette histoire comme un conte de fées. Mais dans les faits, c'est une histoire troublante. La famille de 14 enfants, le fait d'épouser son manager qui pourrait être son père, leur mariage hypermédiatisé. C'est un peu étrange tout ça, non?»

Étrange, mais ô combien inspirant. Pour ce comédien de 38 ans, qui a fait des années de théâtre en Israël avant de débarquer à Montréal il y a cinq ans, ce sont ces particularités, voire ces zones d'ombre, qui rajoutent de l'épaisseur au personnage.

« C'est beaucoup de matière à exploiter », dit-il.

Ainsi, les spectacles de Crystal Slippers vont au-delà des chansons, pour intégrer des extraits d'entrevues qui accentuent son absence totale de pudeur et les aspects les plus «absurdes» de son parcours. Une caricature? «Oui, mais flatteuse», dit-il.

Ouf. Nous voilà rassurés.

Fulgurante transformation

Dix pouces de fond de teint, de l'ombre à paupières, du rouge à lèvres, une jupe sexy et, bien sûr, un miroir... Après une heure et demie de maquillage, Guy Hermon est devenu Crystal Slippers, qui est elle-même devenue Céline.

Mais la métamorphose n'est pas seulement physique.

Quand il sort de sa chambre, avec sa minijupe à ras le bonbon et sa perruque des années 80, sa personnalité a complètement changé. L'homme timide qui nous a accueilli dans son loft est devenu expansif. Rayonnant, il prend la pose, sourit, déblatère, se regarde de façon obsessive dans la glace. Céline période Incognito a visiblement pris possession de son esprit. Fulgurante transformation, dont l'effet, jure-t-il, durera bien après le dernier coup de démaquillant.

«Quand j'enfile le dernier morceau, c'est comme si je terminais le casse-tête. Après, tout est possible. Ça me donne la permission d'être plus brave. Quand je redeviens Guy, c'est un soulagement parce que j'enlève le corset et les talons hauts. Mais l'énergie de Céline me reste plus longtemps. J'aime ça...»

______________________________________________________________________________

Crystal Slippers sera sur scène avec Tranna Wintour et Thomas Leblanc les 29 et 30 mars ainsi que le 5 avril, au cabaret Wiggle Room, dans le cadre du spectacle Saint Celine.