Couronnée humoriste de l'année au gala Les Olivier dimanche, Mariana Mazza raconte avoir vécu «une dégringolade» alors que l'espoir de remporter jusqu'à cinq statuettes au gala s'amenuisait. Défaite dans quatre catégories dont les gagnants étaient choisis par des artisans de l'humour, Mazza estime que la division du milieu en «cliques» a été un facteur d'explication.

En route vers Gatineau pour y présenter un spectacle à guichets fermés, Mariana Mazza a pris quelques instants pour revenir sur sa soirée forte en émotions - à un point tel qu'elle a préféré quitter les studios de Radio-Canada, dimanche, sans s'adresser aux médias ni participer à la fête. «Je n'étais pas capable d'expliquer à la hauteur de mes capacités comment je me sentais ou d'endosser ce qui m'arrivait», nous a-t-elle confié lors d'une entrevue téléphonique, hier.

Ses émotions maintenant tempérées, l'humoriste de 26 ans se dit «très heureuse et choyée».

«J'ai vécu de très grosses émotions [dimanche]. Mais là, je me sens très bien, j'apprécie ma vie plus que jamais.»

En tête de liste des finalistes aux Olivier, Mazza ne s'attendait pas à n'entendre son nom qu'une fois. «Quand ça fait deux mois qu'on te martèle que tu es la favorite et que tu te rends compte que tu n'es pas tant la favorite... Tu te dis que tu as envie de rentrer chez toi.»

Les revers se sont accumulés pour elle jusqu'en toute fin de soirée, lorsque le vote du public pour l'Olivier de l'année lui a permis de sauver la mise, propulsant ses émotions en sens inverse. «Ça a commencé avec une dégringolade, j'ai vécu une chute de pression, puis une grande remontée à la fin, raconte Mariana Mazza. C'était bizarre.»

Les «cliques» de l'industrie

Mariana Mazza affirme ne pas être déçue d'avoir perdu quatre Olivier aux mains d'humoristes «qui le méritent amplement et ont d'excellents spectacles». «Mais ça a entraîné une réflexion par rapport à l'industrie, vu que le seul prix que j'ai, c'est le public qui l'a voté», indique celle qui était en lice grâce à son tout premier spectacle solo.

«J'ai eu l'impression que j'étais moins à ma place que je le pensais. Je me suis dit que je n'étais peut-être pas tant aimée que ça.»

L'humoriste a toutefois chassé ces idées noires et juge aujourd'hui que c'est en partie parce que le milieu de l'humour est scindé en «cliques» qu'elle a été écartée des premières places dimanche.

«Chacun vote pour ceux de sa clique, et c'est la clique la plus forte qui l'emporte - ou, dans d'autres cas, les moins menaçants», assure Mazza, ajoutant qu'elle n'en veut à personne.

Seule artiste féminine à avoir obtenu un Olivier ce week-end (à part Anne-Élizabeth Bossé et Sonia Cordeau, qui ont gagné le prix de l'émission humoristique de l'année avec les autres membres des Appendices), Mariana Mazza ne croit pas que les femmes ont été ignorées parce qu'elles sont des femmes. Elle constate cependant que le milieu de l'humour est «un gros boys club» et se réjouit de constater que «le public n'en est pas un». «Ce sont juste des gens qui apprécient vraiment ce que je fais et ça, c'est la meilleure récompense que quelqu'un peut avoir.»

Une soirée «bien exécutée»

La jeune humoriste dit avoir apprécié le gala de dimanche, teinté par la tourmente des derniers mois, mais très bien exécuté, selon elle. «François Morency a fait ça de main de maître, a-t-elle indiqué. Il y avait une petite tension, mais en humour, il y en aura toujours une parce que c'est un milieu très populaire. Tout ce qui est populaire est constamment critiqué.» 

En ce qui a trait aux décisions du jury de l'industrie, Mazza est lucide. «Le milieu de l'humour est bien gentil, mais de toute façon, ceux qui me font vivre, ce n'est pas eux, c'est le public.»