Humoriste, auteur, comédien, Martin Perizzolo, qu'on a connu entre autres dans Les beaux malaises, propose Nous, son premier spectacle solo, ce soir au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Les rodages?

Pour

Ça m'a pris du temps à assumer de demander à des gens d'acheter un ticket pour venir me voir. Ça prend un peu d'arrogance et une confiance aveugle pour faire ça... Alors le rodage permet de mieux se préparer, de voir comment les choses s'emboîtent, et de l'assumer davantage. C'est un beau luxe. Il y a aussi des spectateurs qui adorent les rodages, ça les amuse justement parce que ce n'est pas parfait.

L'affirmation qui dit qu'il y a trop d'humoristes?

Contre

Il n'y aura jamais trop d'humoristes. Il peut y avoir trop de terroristes, de voleurs, de violeurs, mais les humoristes, ce n'est pas quelque chose qui crée un danger dans la société. Et puis plus il y a d'humoristes, plus ça nous force à être meilleurs et uniques. Là où j'ai des réserves, c'est que parce que ça marche bien, on décide de mettre des humoristes partout, à des endroits où c'est mieux de laisser faire des professionnels. Il ne faut pas remplacer tout le monde par des humoristes, sûr et certain. 

Les malaises?

Pour

Louis C.K., par exemple, que j'aime beaucoup, maîtrise ça parfaitement. Quand il commence un sujet, je me dis d'avance: "Tu ne m'auras pas, je ne serai pas d'accord avec toi." Il marche sur la clôture et il réussit quand même à m'emmener, mais le chemin aura été malaisant. Moi, je ne fais pas vraiment là-dedans, mais je pense que les malaises, Martin Matte l'a prouvé avec sa série, créent des contrastes et des reliefs hyper intéressants.

Être le visage d'une marque?

Pour

Les humoristes qui s'insurgent contre ça, je comprends leur point, mais le combat n'est pas fait contre la bonne chose. Je pense que tu peux te servir de la pub pour te donner de la liberté de créer. Par contre, j'ai le souci de regarder ce que je représente, et de quelle manière. J'ai eu la chance de représenter les fromages d'ici, j'en suis fier, et artistiquement, ce sont de belles pubs. Je n'ai jamais trouvé ça lourd non plus, ça ne me dérange pas que les gens m'en parlent. C'est juste de l'amour. Les blagues de fromage, je ne vais jamais m'en tanner.

La téléréalité extrême?

Contre

Mais c'est biaisé, cette question, à cause de ce qui m'est arrivé avec l'émission Expédition extrême. Par ailleurs, ce n'était même pas extrême, c'était juste n'importe quoi monté en épingle. Je suis totalement contre la téléréalité, je n'en consomme pas, ça ne m'intéresse pas. Il y a tellement de belles oeuvres de fiction faites par des gens de talent qui sont hallucinantes... Pourquoi c'est devenu une si grosse affaire, la téléréalité ? Parce que c'est facile, parce que ça coûte moins cher, parce qu'on exploite les gens. Ce n'est pas pour les bonnes raisons.

La liberté d'expression à tout prix?

Pour

C'est toute une question. Même les propos qui me dérangent, qui sont misogynes ou racistes, une partie de moi est contente de pouvoir les entendre. Je ne suis pas d'accord, ça ne fait pas mon bonheur, mais ça me rassure de savoir que cette personne s'affiche. Il faut laisser les gens s'exprimer, laisser les idées se brasser. Il n'y a pas de discussion possible si tu fais de la censure. Il faut entendre tout, et il faut s'exprimer contre quand on n'est pas d'accord.