Près de 600 personnes prennent place au Zénith de Saint-Eustache pour voir La tournée des idoles 2. Un Mario Lirette déguisé en capitaine et ses musiciens, en matelots, les invitent à «monter à bord» du bateau de croisière Idol of the Seas. Huit artistes qui ont marqué les années 60 et 70, dont Michèle Richard, Patrick Zabé et Bruce Huard, font partie de l'équipage.

Lorsque Serge Laprade entame Quand l'amour va, une baby-boomer assise à côté de nous murmure: «C'est ma toune!» Peu de temps après, des larmes coulent sur ses joues alors qu'elle chuchote les paroles de cette célèbre chanson: «Le coeur chante/jamais le temps nous vieillira/oui, tout va/quand l'amour va tout va.»

Plus tard dans la soirée, cette même femme et son conjoint se lèveront avec enthousiasme pour taper la poire, pousser l'ananas et moudre le café avec Patrick Zabé. Une soirée en montagnes russes où la mélancolie est au premier plan.

La tournée des idoles roule à plein régime depuis l'automne 2015; elle en est à sa deuxième présentation, avec des artistes et un concept différents. Son producteur, Pierre Marchand - l'homme de MusiquePlus et MusiMax -, explique qu'il a dû se battre pour convaincre les salles d'accueillir la première mouture de sa tournée.

«Finalement, nous avons fait 35 dates et nous avons vendu 20 000 billets. Ce sont les vrais chiffres, je ne te mens pas. Avec le deuxième, on approche des 10 000 billets vendus. Ça marche, il y a un public pour ça.»

Un public oublié

L'histoire de Pierre Marchand avec les chanteurs baby-boomers a débuté avec le spectacle Le retour de nos idoles, en 2011. Un bouquet d'artistes de 55 ans et plus y retrouvait son public au Colisée Pepsi de Québec. Le producteur prétend avoir vendu 100 000 billets pour ce spectacle.

«Dans les médias, je trouve que les gens ne sont pas gentils. On leur dit qu'ils sont has-been. Je viens de travailler avec des joueurs de hockey et je n'ai jamais entendu le mot has-been; j'entends juste que ce sont des légendes du hockey. Pour nos artistes, je suis arrivé avec le terme "idole". Idole un jour, idole toujours», dit le producteur de 59 ans.

Martin Leclerc conçoit lui aussi des spectacles pour les baby-boomers. Après avoir travaillé avec Pierre Marchand chez Musicor, notamment sur Le retour de nos idoles, il a relancé sa société de production et gère la carrière de grands noms comme Renée Martel, Michel Louvain, Brigitte Boisjoli et Shirley Théroux.

Il mise également sur les spectacles de groupe. Il l'a d'abord fait en 2015 avec Les années bonheur qui mettait en scène Michel Louvain, Renée Martel et Chantal Pary: «Ce fut un gros succès: plus de 20 000 billets vendus», dit Martin Leclerc.

En ce moment, il produit Les Vieux Criss, Pour le plaisir et Les tannants. «C'est un public délaissé par la télévision, la radio et les salles de spectacle. Et je crois que c'est par manque d'intérêt, puisque ce n'est pas par manque de potentiel.»

«Les 55 ans et plus ont envie de sortir et de consommer de la culture. Et il faut offrir aux gens ce qu'ils veulent consommer.»

Les tannants

Le trio Les tannants tourne depuis cinq mois et a déjà attiré 15 000 personnes à ses représentations. Comme à l'époque où ils étaient à la télévision, Shirley Théroux, Joël Denis et Pierre Marcotte proposent un mélange de chansons et de sketches. Rien n'a changé. Même le cabotinage est encore au rendez-vous: 

«Ben oui, tu l'as déjà dite, cette réplique!», dit Joël Denis à Pierre Marcotte lors de la première médiatique à l'Étoile Banque Nationale, à Brossard.

«Ben oui, mais tu n'as pas enchaîné avec la tienne!», lui répond son compagnon de scène du tac au tac.

«C'est quoi ma réplique? Je ne m'en rappelle plus!», rétorque Joël.

«Il y a un phénomène qui arrive. À chaque endroit où on présente le spectacle, on fait salle comble et les gens réservent déjà pour une supplémentaire», affirme Shirley Théroux.

Leur spectacle est une véritable fontaine de Jouvance pour les fans qui y assistent. Jacqueline, notre voisine de siège, avance: «C'est un retour à ma jeunesse, parce que j'ai déjà été jeune, tu sauras! Et Les tannants, ça nous représentait, les Québécois. On aimait ça s'amuser, rire et déconner comme eux.»

Un plaisir partagé par les vedettes sur scène. «Si vous saviez tout le bonheur que nous avons. C'est comme un gros conventum! dit Serge Laprade. Je retravaille avec des amis que j'ai côtoyés dans les années 60. On retrouve notre jeunesse, comme le public.»

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE

Martin Leclerc, producteur des Vieux Criss, de Pour le plaisir et des Tannants