Véronic DiCaire n'est pas du genre à se tourner les pouces, mais elle s'activait encore un peu plus qu'à l'habitude mardi matin au club de golf Le Mirage de Terrebonne. Entre deux interviews, elle saluait par petits groupes les golfeurs et les vedettes de la culture ou du sport qui participaient au tournoi qui porte son nom.

Depuis cinq ans, l'Open Véronic DiCaire a permis d'amasser plus de 300 000 $ versés à la Fondation du même nom qui donne à des artistes francophones en herbe du Québec et du reste du Canada les moyens de s'épanouir. Sa fondation s'est associée cette année à celle d'evenko, qui partage sensiblement les mêmes objectifs. Du coup, le très court spectacle que Véronic DiCaire donnait auparavant dans la salle à manger du Mirage s'est transformé en un spectacle complet, avec musiciens et danseuses, présenté trois soirs plutôt qu'un sous un chapiteau. Autre nouveauté: le grand public qui ne participait pas au tournoi de golf pouvait assister en soirée au spectacle présenté à guichets fermés lundi et mardi.

«Heureusement pour moi, Embrun ce n'était pas très loin de Montréal, mais je ne suis pas certaine que si je n'avais pas reçu de l'aide ou que si j'avais vécu dans une région un peu plus éloignée et moins francophone, j'aurais fait ce métier-là. Je veux donc donner à mon tour», d'expliquer la Franco-Ontarienne de 39 ans.

Elle prend tellement son rôle au sérieux qu'elle prépare également pour l'automne, en Suisse, un spectacle de financement pour sa fondation avec des associés européens.

Une année bien remplie

Véronic DiCaire a ses habitudes en Europe où elle a passé l'essentiel de la dernière année qui s'est amorcée par le tournage de l'émission Danse avec les stars, le 20 septembre 2015, et s'est poursuivie par une tournée de 68 spectacles de janvier à juin.

Elle a participé à d'autres émissions de télé qui lui ont donné une belle visibilité, mais pas autant que son tout premier DiCaire Show sur France 2, programmé à la même heure que The Voice au printemps. Un deuxième DiCaire Show sera diffusé cet l'automne.

«Ç'a été confirmé pas nécessairement en raison des cotes d'écoute, mais à cause de la réaction des gens après l'émission, explique-t-elle. On a réussi à faire sortir les artistes invités de leur opération de promotion pour échanger vraiment avec eux. C'était un beau défi et ils ont embarqué.»

Dans l'avion qui la ramenait au pays le 1er juillet, Véronic DiCaire a serré la main de son amoureux Rémon Boulerice et s'est mise à pleurer.

«Je me faisais un genre de rétrospective de l'année dans ma tête, et tabarouette qu'on a travaillé fort!»

Cette année bien remplie a également été bouleversante en raison des attentats qui ont frappé la France et la Belgique. Véronic DiCaire n'oubliera pas de sitôt la nuit du 14 novembre passée à regarder la télé dans son lit après une répétition à la Plaine Saint-Denis, lieu des premiers attentats. Deux semaines plus tard, on lui demandait de chanter Quand les hommes vivront d'amour devant le Bataclan en présence des premiers ministres Manuel Valls, Justin Trudeau et Philippe Couillard.

«On recommencait le 4 janvier et tout le monde nous disait "ça va être horrible". J'ai été chanceuse, car mes salles étaient remplies au Grand Rex. On s'est retroussé les manches.

«C'est sûr que la reconnaissance des gens qui apprécient ton travail, ça fait plaisir, mais ce n'est pas un besoin vital pour moi de dire "j'veux d'l'amour". De l'amour, j'en ai de tout le monde, de ma famille, de mes amis, mais ma mission, c'est de faire du bien aux gens. Ma plus grande satisfaction, c'est quand, comme hier soir [lundi], je vois à ma droite quatre gars les bras croisés qui, quand je commence à faire Tina Turner, s'animent et passent vraiment un bon moment [...] Les gens qui viennent me voir, ça va de maman Dion, qui était là hier, au p'tit cul de 12 ans qui était assis en avant. Je dois donc m'assurer que les chanteuses que je choisis d'imiter sont connues de tout le monde.»

De vrais musiciens

«Ma vie présentement va très vite, mon ascension va vite. Tout le monde a un bon souffle et on monte», lance Véronic DiCaire pour qui les quelques spectacles au Québec cet été ne l'empêcheront pas de profiter de ses vacances: «Juste ne pas faire des valises, c'est des vacances.»

Le spectacle qu'elle donne au Mirage ces jours-ci est beaucoup plus qu'une enfilade d'imitations. C'est un spectacle de variétés dans le sens le plus noble du terme, farci de chorégraphies dynamiques, qu'elle a monté à partir de numéros créés au Québec, à Las Vegas et en France, dont des imitations récentes d'Adele et de Sia. Dans les festivals auxquels elle va bientôt participer à Rimouski, Sherbrooke, Lévis, Alma et Gatineau, elle promet un spectacle plus musical, entourée de ses quatre danseuses et, pour la première fois au Québec, de quatre musiciens et deux chanteuses.

«Je ne savais pas que ça me manquait jusqu'à ce que je les intègre dans mon show en janvier, dit-elle de ses musiciens. Wow! ça, c'est le fun

Quand elle a chanté en première partie du spectacle de Céline Dion à Anvers, le mois dernier, elle s'est remémoré le gigantesque coup de chance qui a permis à la chanteuse qu'elle était d'étaler son talent jusque-là inconnu d'imitatrice devant le public de Céline Dion au Centre Bell à l'été 2008.

«Le deuxième soir à Anvers, quand j'ai remercié Céline et que j'ai expliqué au public que j'avais fait sa première partie en 2008, j'ai eu une pensée pour René [Angélil] et ç'a été très difficile de chanter I Will Always Love You. En 2008, j'ai vécu un rêve et je savais que ma vie allait changer.»

Le troisième album qu'elle préparait alors avec Marc Dupré dort encore dans ses tiroirs.

«J'ai pas envie de faire d'album, dit-elle. J'ai trop de fun à faire ce que je fais. Si j'ai un album à faire quand je serai bien vieille ou que je ne serai plus capable de danser en Lady Gaga, je voudrai prendre le temps de bien penser à ce que je veux dire. Est-ce que ça intéresserait les gens? J'ai une histoire heureuse, je ne suis pas tourmentée, tout va bien dans ma vie et je me demande qu'est-ce que je devrais chanter, comment je devrais chanter?»

L'imitatrice, elle, n'a pas ce problème. Cet automne, elle retournera donner quelques spectacles en Europe, notamment à Rotterdam, une belle porte d'entrée pour celle qui veut «tester subtilement» le marché non francophone européen en 2017. Il y a aussi dans ses cartons quelques spectacles à Niagara Falls pour sonder l'intérêt du côté du Canada anglais. La France, la Belgique et la Suisse la réclament également pour une cinquantaine de spectacles au début de la nouvelle année.