Cinq ans après un deuxième spectacle solo décevant, l'humoriste Jean-Thomas Jobin était de retour sur scène, ce mercredi soir au Gesú, à Montréal, avec Apprendre à s'aimer, un troisième one-man-show dans un genre toujours aussi absurde mais un peu moins opaque voire même plus drôle.

Autant Jean-Thomas Jobin nous avait franchement déçu, pour ne pas dire irrité, avec son Soulever des Corneliu en novembre 2010, autant son troisième solo devrait tenir la route, comme l'avait fait son premier opus qui l'avait propulsé sur la scène de l'humour en 2005. 

Non pas que Jean-Thomas Jobin ait profondément changé depuis cinq ans. Son style champ gauche est toujours le même, avec les mêmes observations triviales, des anecdotes sur sa poitrine, sur ses bas, sur les gaz nauséabonds d'Einstein ou sur un cheveu égaré dans une salle de bain. Elles ne sont pas toujours drôles ses anecdotes mais tellement niaiseuses qu'on finit par en rire. 

Jean-Thomas Jobin a opté pour une mise en scène champêtre avec cinq faux moutons «qui viennent de Bêêê-Comeau» et un hibou qui veille sur lui. Rare blague politique, il a comparé cet oiseau - qui ne regarde qu'à gauche - à Amir Khadir. «Tout ce qui se passe à droite, il s'en contre-câlisse», lance-t-il.

L'humoriste fait ensuite répéter des phrases du motivateur Jean-Marc Chaput. «T'es capable!», «Tu le mérites!», «Mes fémurs m'excitent!», «Nous nous aimons!» et enchaîne avec le fil conducteur du spectacle, «apprendre à s'aimer». Un apprentissage pas facile quand on s'appelle Jean-Thomas Jobin, célibataire depuis un an et demi, et on comprend pourquoi quand il nous explique comment il procède pour approcher des filles! Mais ses explications ne durent pas longtemps car sa règle est de passer du coq à l'âne, de dire qu'il tripe sur les chats, de parler du régime Montignac puis de sa dernière expérience à la plage. Il ne faut pas chercher à voir un sens dans cette suite de non-sens. «Y'en a qui disent que je suis tellement stoïque que je suis inébranlable, mais non, je suis branlable!», lance-t-il.

Il raconte ensuite des tours qu'il faits aux gens. Jobin, c'est par exemple le genre de gars, pour l'Halloween, à ouvrir la porte, à voir un enfant déguisé en bonbon et à lui donner un costume, explique-t-il. 

Puis, il assure qu'il est prêt à prendre sa retraite à la campagne pour pouvoir dire aux journalistes qu'il s'en fout des détracteurs car il a maintenant... des tracteurs. Quand on vous dit que ça part dans tous les sens...

Parmi les passages réussis, il y a ses dramatisations, notamment une discussion entre une banane et un croissant, quand il parle de ses parents et lorsqu'il invite une spectatrice sur la scène, Marie-Lou, avec qui il joue une scène dans laquelle il est un diseur de bonne aventure. «Voyez-vous des enfants dans ma vie?», demande-t-elle. «Oui j'en vois mais pas les vôtres», lui répond-il. Un numéro réussi grâce notamment à son talent d'improvisation.

Jean-Thomas Jobin écrit bien. Il a un certain sens du punch. Il raconte n'importe quoi, mais bon, il faut entrer dans son univers et se laisser aller, sinon on risque de s'ennuyer à mourir. Même si la salle lui était acquise, mercredi soir, reconnaissons qu'il a offert une bonne performance. Il devrait parvenir à s'insérer dans la grande famille des comiques cosmiques québécois, quelque part entre la planète des Denis Drolet et celle de Yannick de Martino.

Apprendre à s'aimer, de Jean-Thomas Jobin - Au Gesú, jeudi, le 13, et le 14 novembre