Les blagues sur ceux qui se moquent du niqab, ça ne passe pas. Adib Alkhalidey en sait quelque chose. Depuis samedi, l'humoriste est plongé dans une controverse en raison d'une publication sur son compte Facebook. Certains lui demandent depuis de retourner «dans son pays».

La blague en question se moque des citoyens qui ont mis ces derniers jours un «sac de patates» pour aller voter par anticipation et dénoncer les femmes musulmanes qui portent le niqab, ce voile qui couvre tout le visage en laissant les yeux à découvert.

«À tous ceux qui s'mettent des sacs de patates sur la tête pour voter. Mettez-vous en aussi sur la bite ou sur celle de votre partenaire sexuel lors de vos prochains ébats afin de préserver l'humanité de votre potentielle progéniture», a écrit samedi l'humoriste de la relève. Sa publication a généré 8100 mentions «j'aime».

Or, en lisant les commentaires, on se rend compte que certains citoyens qui le lisent sur Facebook n'ont pas ri en lisant ce dernier billet.

«Pis toi, retourne dans ton pays et laisse le mien tranquille, tant qu'à rire de nous, pauvre idiot !!!», a vivement réagi une certaine Pascale. Elle n'est pas la seule à répondre de la sorte.

En fin de soirée, dimanche, Adib Alkhalidey a choisi de faire une mise au point.

«Malgré les nombreux «retourne dans ton pays!» qu'on m'a envoyés, je vous écris ce message en ami, parce que les amis trouvent la majeure partie du temps le moyen de préserver leur relation. Et aussi, parce que le fait d'avoir vécu toute ma vie au Québec me donne envie de répondre à mes assaillants: «Retourne dans ton pays? C'est physiquement impossible de retourner quelque part où l'on se trouve déjà!», a-t-il écrit.

«Pour revenir sur la joke en question, je ne souhaite pas vraiment que des gens se mettent un sac de patates sur le sexe et je ne les invite pas à s'abstenir de procréer. C'est une exagération. Je ne croyais pas avoir à l'expliquer, mais considérant le nombre élevé d'injures, je constate qu'une rectification est nécessaire. Je sentais que la question du niqab canalisait un certain mépris de l'islam, et moi, pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, j'ai toujours réagi avec humour en période de tension», a-t-il poursuivi.

Alkhalidey continue ensuite en expliquant qu'il n'est pas en faveur du vote à visage couvert. Il déplore plutôt qu'une minorité de musulmans ternissent l'image de l'ensemble de la communauté.

«J'ai la certitude que la peur rend les esprits plus malléables et manipulables et qu'en aucun cas le mépris et la haine puissent servir une cause. J'ai écrit cette blague en tant que citoyen du Québec. Plusieurs m'ont répondu comme quoi j'étais «un invité». C'est faux. Et personne ne mérite de subir le racisme. Ni vous, ni moi, ni vos amis, ni vos ennemis. Personne», soutient vigoureusement l'humoriste.

>>> Le billet en entier