Fidèle à son style de monologuiste déjanté, l'humoriste Dominic Paquet a présenté son troisième spectacle solo, Rien qu's'une gosse!, en première médiatique montréalaise, ce mardi soir au théâtre Saint-Denis. Un spectacle de stand-up avec de nombreux punchs et fort bien reçu.

Le show débute avec Réal Béland (le metteur en scène du spectacle) déguisé en bonne soeur et dirigeant une chorale qui répétait sans cesse «Rien qu's'une gosse» sur l'air de Carmina Burana, de Carl Orff, Carmen de Bizet, et Demain matin Montréal m'attend, par Louise Forestier. Petite allusion à une vidéo créée pour faire la promotion du spectacle sur les réseaux sociaux.

Puis, une animation multimédia introduit l'humoriste qui arrive sur scène avec son habituel costume deux pièces couleur bleu clair. Il commence par évoquer le titre de son show, un pied de nez à ses collègues qui ont un «fil conducteur» dans leurs spectacles et aux journalistes qui en demandent un!

Après s'être un peu moqué des chansons mielleuses de Vincent Vallières, il énumère tout ce qui ne fera pas partie de son show, notamment les chansons à répondre... avant d'en faire une. Sans grand succès, mais c'était voulu.

Du coup, il parle d'une fourchette qui marchait dans un village! Le spectacle part donc comme prévu, «s'une gosse», sans queue ni tête. 

Après un numéro ordinaire sur les fermes, celui sur les jours de la semaine était bien joué. Le «créateur du calendrier» romain explique sa trouvaille à des paysans qui ne comprennent absolument rien à ses explications. Assez drôle.

Il est bon aussi quand il imite un gars saoul. Moins quand il parle du meurtrier Luka Rocco Magnotta. Il se moque ensuite des terroristes islamiques mais associe ses allusions à la musique arabe. Pas judicieux.

Le thème sur les vieux était pas mal, avec le monsieur qui divorce après 85 ans de mariage, ou un octogénaire qui vient d'avoir son diplôme et qui se cherche une job.

Certaines parties sont accompagnées d'une animation vidéo et sonore. C'est le cas du numéro sur les restaurants asiatiques. Son imitation de l'accent chinois est croulante même si très caricaturale.

Il défend bien ensuite son goût prononcé pour le Kentucky tout en avouant se sentir mal quand il en mange. «Je transpire du gaz? J'ai le bras engourdi? Oh mais non, c'est bon la peau! Zzzzzzzzz. Oh, j'ai une artère qui scille?!!».

Après Kentucky, c'est le restaurant de déjeuners Cora qui en prend pour son rhume à cause d'une serveuse qui l'avait mal servi. Une anecdote qui est arrivée à tout le monde... dans n'importe quel restaurant. Peut-être pas nécessaire de mettre la photo de Mme Cora et une image rappelant les fruits de cette chaîne...

Après l'entracte, beau clin d'oeil à Rachid Badouri, Dominic Paquet reprend son numéro d'imitation d'une danse de Michael Jackson. À la façon Paquet! «J'ai mangé trop de Kentucky!» Il raconte ensuite, en criant son exaspération, son expérience pénible dans un parc safari. Puis, se fâche «à la Guillaume Wagner» pour se plaindre de ceux qui aiment le camping. Pour lui, c'est pas assez technologique!

Alors, ce n'est pas - et de loin - un spectacle dont on sort transformé. Ce n'est pas l'effet recherché. Comme il le dit lui-même, il veut juste faire rire avec des trivialités. Mais on aurait tort de jeter le bébé avec l'eau du bain. Complètement déjanté, Dominic Paquet est talentueux. On sent derrière le ton et les nombreuses mimiques, le travail derrière la performance. On sent l'écoute aussi car il a su tenir compte des critiques et des conseils.

Doué pour imiter le paysan, le niaiseux, le suffisant, la serveuse, le gars-simple-et-sans-histoire, le papa, la femme aguichante ou le vieux, Dominic Paquet est finalement à l'écoute du monde et nous tend un miroir dans lequel on doit sûrement se reconnaître au moins une fois. Ce doit être ça ratisser large.

Rien qu's'une gosse!, de Dominic Paquet - Les 3, 4, 5 et 6 juin au Théâtre St-Denis