«T'es pas game!» C'est tout ce que Gabrielle Caron avait besoin d'entendre pour plonger tête première dans une carrière d'humoriste. Après que sa colocataire lui eut lancé ce défi en 2007, la jeune femme a abandonné ses études universitaires en enseignement primaire, qui étaient loin de combler son besoin d'exprimer sa créativité.

«J'étais vraiment malheureuse, mais je me disais que, dans la vie, ça prenait une vraie job», se rappelle-t-elle.

Très jeune, Gabrielle Caron décide de suivre des cours de théâtre et tentera à 10 reprises de passer les concours pour le conservatoire et d'autres établissements.

«Ça n'a jamais fonctionné! Je suis une tête de cochon, alors ça m'a pris beaucoup de temps à accepter que ce n'était pas fait pour moi. Il y avait quelque chose qui me dérangeait, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Jusqu'à ce que je comprenne que le côté dramatique ne m'intéressait pas», explique l'humoriste, qui a en revanche été acceptée du premier coup à l'École nationale de l'humour (ENH).

«J'ai un peu tout fait dans le dos de ma mère. J'étais stressée de lui annoncer mon nouveau plan de carrière. Jusqu'au jour où j'ai dû l'appeler pour lui dire que je lâchais l'enseignement pour aller à l'École... et, surtout, que j'avais besoin de 12 000$! Elle m'a finalement aidée financièrement, mais aussi moralement, quand je l'appelais en pleurant pour lui dire que je ne serais jamais capable!», se rappelle Gabrielle.

Moments difficiles

La jeune femme a en effet traversé quelques moments difficiles au cours des deux années qu'elle a passées sur les bancs de l'École nationale de l'humour.

«Je suis entrée là [à l'ENH] très naïvement. Je pensais que ça allait être facile et qu'on allait rire tout le temps! Ce n'est pas du tout le cas. Si j'avais su ce qui m'attendait, je ne sais pas si j'aurais eu le courage d'y aller.

«C'est beaucoup de travail et de pression: tu dois être drôle, peu importe ce qui se passe dans ta vie, confie-t-elle. C'est beaucoup de travail sur toi-même, à repousser tes limites. Mais si je n'avais pas fait l'École, je ne serais pas sur scène aujourd'hui.»

Mille et un projets

Dès sa sortie de l'ENH, Gabrielle Caron a mis toutes les chances de son côté pour percer. 

«Ce n'est pas parce que tu as ton diplôme que tu es humoriste!», lance la jeune femme qui a décidé de dire oui à tous les projets qu'on lui proposait. «Si tu restes dans ton salon, personne ne va venir te chercher. Aujourd'hui, je vis de l'humour, je travaille beaucoup, car j'ai su créer les occasions. J'avais envie de faire de la radio, alors j'ai envoyé des démos partout. Je voulais écrire: j'ai créé mon blogue "Moi pis ma face" et je me suis mise à écrire pour d'autres humoristes, comme Korine Côté», raconte-t-elle.

L'humoriste a mis sur pied les Soirées marrantes au bistro le Ste-Cath tous les premiers samedis du mois et a créé sa propre entreprise, «Drôle de même», qui lui permet de donner des ateliers de création humoristique, des conférences et des spectacles dans des entreprises ou des écoles.

Hyperactive, Gabrielle Caron n'est pas du genre à se la couler douce et ne rate aucune occasion de s'illustrer: elle a participé à plusieurs reprises aux émissions En route vers mon premier gala Juste pour rire, ainsi qu'au Grand Rire Comédie Club. Deux semaines tout juste après la naissance de son tout premier bébé, l'humoriste n'a pas hésité à participer au spectacle organisé par La Presse dans le cadre de la série Huit histoires d'humour. «Je dormais dans les loges!», s'amuse-t-elle.

«Heureusement, je suis bien entourée. Mon chum Olivier Thivierge travaille aussi en humour. Il est auteur pour François Bellefeuille et Simon Leblanc, et on se relaye pour y arriver», conclut-elle.