Avec sa coupe au carré droit immaculée, la prêtresse de la mode Anna Wintour est au premier rang de tous les défilés de la Fashion Week. Mais à minuit, elle fait l'objet d'une comédie satirique à New York, mi-Darth Vador mi-Hillary Clinton.

Le comédien Ryan Raftery porte sa frange et ironise sur sa supposée langue de vipère pendant quatre soirs au Théâtre Public à New York, dans un spectacle satirique intitulé Ryan Raftery is the Most Powerful Woman in Fashion.

La rédactrice en chef du magazine Vogue aux États-Unis depuis 26 ans, qui règne sur une industrie mondiale générant 300 milliards $ par an, est aussi célèbre pour son style que pour son caractère d'acier, qui a inspiré le roman puis le film The Devil Wears Prada.

Le spectacle est né après la décision d'Anna Wintour de mettre en Une de Vogue la vedette de téléréalité Kim Kardashian et son futur mari à l'époque, le rappeur américain Kanye West, au grand dam des puristes de la mode.

Vêtue d'un petit haut à paillettes et coiffée cette fois d'un carré blond, la Anna Wintour version Raftery crache son venin et raconte des blagues en revisitant des célèbres chansons pop.

Le Skyfall chanté par Adele dans le film homonyme de James Bond devient Skymall, comme les centres commerciaux américains. Et Raftery se dandine sur une chanson qui évoque la relation supposée de Wintour avec le millionnaire texan Shelby Bryan. Il n'épargne pas la famille Kardashian, ni le designer américain Michael Kors.

Pour Raftery, Anna Wintour ressemble à la fois à Darth Vador, méchant de la série Star Wars, et à Hillary Clinton, potentielle candidate à la Maison-Blanche en 2016.

«Elle a le look de Darth Vador avec son casque de cheveux qui fait qu'elle est toujours la même. Et elle est aussi rusée qu'Hillary», explique le comédien.

Bénédiction d'Anna

Ryan Raftery l'a rencontrée une seule fois, à un carrefour bondé de New York. Elle était debout près de lui, un café à la main, les bras croisés, les yeux cachés derrière des lunettes noires, parfaitement coiffée.

«Je lui ai dit «Bonjour Anna» et elle a fait une sorte de grimace et a continué à marcher. C'est exactement ce que vous voulez qu'elle soit quand vous la rencontrez. Vous voulez qu'elle soit comme dans The Devil Wears Prada.

La comédie est très maniérée, mais Raftery explore aussi un aspect plus doux de la reine de la mode. «Plus que tout autre chose, je veux que les gens réalisent qu'elle est une personne réelle. Elle n'est pas Darth Vador même si elle ressemble à Darth Vador», estime le comédien.

Le spectacle se termine par un monologue dans lequel il exprime la difficulté d'être Anna Wintour, d'être toujours parfaitement habillée et coiffée, avec «maintenant 26 produits dans les cheveux».

Raftery avoue être un fan de la célèbre éditorialiste. Il confesse lui avoir envoyé des tulipes à l'occasion de l'US Open, avant que son joueur favori le Suisse Roger Federer ne soit battu en demi-finale.

La fille d'Anna Wintour, Bee Shaffer, est venue voir la comédie le premier soir et s'est arrêtée dans sa loge pour lui dire combien elle avait apprécié le spectacle. «Anna ne va pas laisser quelqu'un monter une comédie sur elle dans sa ville natale et sur une scène réputée sans rien savoir du spectacle», explique Raftery.

Bee Shaffer a ensuite publié sur Instagram une photo d'elle avec le comédien en écrivant «ma mère de substitution?».

«Je sens qu'Anna a donné sa bénédiction au spectacle», en conclut Ryan Raftery.