Cathy Gauthier est en rodage tout l'été avec son troisième spectacle, intitulé Pas trop catholique. Depuis la fin juin, elle tourne autour de Montréal afin d'être fin prête pour sa rentrée au Théâtre St-Denis les 4 et 5 novembre. La tournée se poursuivra par la suite à travers tout le Québec.

Elle a toujours été menue, blondinette. Jeune, elle était même une petite rouquine que la nature avait saupoudrée de taches de rousseur qu'elle voulait s'arracher au grattoir. Or, dès qu'elle ouvrait la bouche, notre Fifi Brin d'Acier se transformait en trucker. Après son premier spectacle, 100 % vache folle, on l'a étiquetée: vulgaire. Elle assure qu'avec Pas trop catholique, son nouveau show, les gens vont changer d'avis. 

Qu'importe, Cathy Gauthier, sérieusement, me fait mourir de rire, même en entrevue. Ça n'arrive pas souvent. Alors pas trop catholique, la Cathy? L'expression l'amuse et lui rappelle son enfance. 

«À l'époque, je ne la comprenais pas, dit-elle, jusqu'à ce que ma mère range mon bicycle dans la shed pour l'été parce qu'elle avait entendu dire que j'avais fait des affaires pas trop catholiques au village avec le petit Ritchie David. J'étais fâchée, parce que ce n'était pas vrai. Ma soeur avait inventé ça.» 

Et voilà que la formule sortie de sa mémoire chapeaute son troisième spectacle, dans lequel il sera question des péchés capitaux, mais façon Cathy Gauthier. Elle les transforme, les adapte, leur donne vie. 

«Quand j'ai commencé à écrire, on était en plein dans la Charte des valeurs, mais je me suis rendu compte que ce serait vite dépassé.» 

«Sans en être vraiment consciente, j'ai abordé les sept péchés capitaux. Pour la gourmandise, par exemple, je parle de la boulimique que j'étais, petite. La jalousie, elle, je la traite sous toutes les formes. Le couple, bien sûr, parce que, moi, je suis une jalouse modèle premium avec toit ouvrant et sièges électriques en cuir; une vraie jalouse de F1.»

Cathy Gauthier est en couple, pourtant, depuis plus de quatre ans, avec un avocat sérieux. Et elle enchaîne: « Il travaille dans un cabinet avec de super belles filles. Eille! Je sais comment ça marche, la vie. Je m'inspire du quotidien, je fais confiance à mon chum, mais on sait que la chair est faible.» 

Son amoureux la connaît, il ne s'offusquera sûrement pas. C'est du spectacle. Une tournée qui durera au moins un an. Et elle espère bien tomber enceinte vers la fin. À 37 ans, il est temps. 

«De toute façon, je suis toujours grosse à la fin des tournées parce que je n'arrête pas de manger de la junk. Sérieusement, si j'ai un enfant, ça va prendre du temps avant que je remonte sur scène. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre l'élève. J'ai de la misère à passer mon char, penses-tu vraiment que je vais passer mon enfant?»

Probablement des séquelles de l'enfance. Cathy Gauthier n'a pas connu son père; elle a été délaissée par sa mère et confiée à ses grands-parents, qui l'ont élevée à Arntfield, en Abitibi, comme si elle était leur fille. «Non, dit-elle, je n'ai pas eu une vie facile. Je pense que tous les artistes sont des carencés affectifs.» 

«J'espérais que mon père soit Chuck Norris parce qu'il était roux. Ou Marc Messier. N'importe quel roux! Je cherchais. Je n'aimais pas trop être rousse. Un ami m'avait dit qu'en me lavant la figure avec une débarbouillette trempée dans l'urine, mes taches de rousseur disparaîtraient. Un ami... Aujourd'hui, j'aimerais qu'elles reviennent.» 

Comme si ça ne suffisait pas, Cathy Gauthier a toujours cru, enfant, qu'elle était un garçon. «Même à l'école de l'humour, je jouais des personnages d'hommes.» 

Elle s'est toujours perçue comme un «ti-gars manqué». Or, avec le temps, le physique a changé, la nature a fait son oeuvre et le doute s'est dissipé. «Maintenant, je m'assume pleinement et je continue à faire de l'haltérophilie. Ben non! C'est une blague! Mais je suis étonnamment forte.» On est donc bien loin de 100 % vache folle

Le personnage a évolué. Il n'a plus la vingtaine et ne raconte plus sa réalité de célibataire. Décoiffe était davantage peaufiné, mais cette fois, Cathy Gauthier propose un spectacle plus personnel, plus sage. 

«Non, ajoute-t-elle, pas plus sage, juste plus vieille. À mon âge, on réfléchit deux fois plus à ce qu'on dit que dans la vingtaine.» 

«Quand je regarde en arrière, je comprends que j'ai pu en scandaliser quelques-uns. Il y a au moins 60 % du matériel que je ne ferais plus. Je n'oserais plus. Certains numéros seraient aujourd'hui carrément pathétiques. La différence, c'est le cheminement, la maturité, le choix des mots. Je sacre moins, aussi.»

Elle sait fort bien que sa réputation en a souffert, mais l'envers de la médaille, c'est que, en plus du sceau de certification accordé par Dominique Michel, qui l'a prise sous son aile, elle s'est vite fait connaître. 

«Or, les gens qui sont restés avec cette image de vulgarité vont changer d'avis en voyant le spectacle. Reste que je suis toujours crue, même quand je parle de fleurs. Je suis trop directe, faut croire. Je pogne les nerfs vite, mais je me calme aussi vite. Il y a quand même des limites à ce que peut faire le millepertuis.» 

À ses yeux, le métier a changé. Question d'offre, surtout. Elle est de plus en plus forte. L'an dernier, une bonne quarantaine de spectacles d'humour ont pris l'affiche. Les gens ne peuvent pas tous les voir. Ils doivent donc choisir. 

«Une fois que tu as acheté les billets, que tu paies la gardienne, le stationnement, le resto peut-être, ça vient de te coûter 200 $ au moins. Les gens font donc des choix plus prudents. Moi, je n'ai qu'un boss: le public.»

Les gens la connaissent, mais elle est convaincue qu'ils la connaissent mal. Et, bizarrement, on l'arrête peu dans la rue, sauf quand on entend sa voix si particulière. 

Si elle doute? Allons! Cathy Gauthier est une boule d'angoisse. «La vie en général m'angoisse, m'acheter un char m'angoisse. J'ai toujours peur de faire de la peine au vendeur à qui je n'achèterai pas l'auto. J'ai toujours peur de faire de la peine à Jésus; mon côté judéo-chrétien.»