Déjà septuagénaires mais toujours fidèles à leur humour déjanté, les mythiques Monty Python ont offert mardi soir à un Londres impatient la première d'une série de dix spectacles qui, promis, seront les derniers pour les rois de l'absurde.

Devant 14 000 fans réunis à l'O2 Arena, John Cleese, Michael Palin, Terry Gilliam, Eric Idle et Terry Jones ont changé de costume plus d'une dizaine de fois au cours d'un spectacle mêlant comédie, animation, archives vidéo et morceaux de musique.

Idle, le metteur en scène, avait promis du grand spectacle, mais ce sont les vieux sketchs, plus modestes mais au timing comique parfait, qui auront remporté le plus de succès.

Beaucoup de spectateurs ont pleuré de rire lorsque Palin et Cleese ont joué leur légendaire sketch du perroquet mort, dans lequel Cleese rapporte l'oiseau à l'animalerie en répétant qu'il «n'est plus».

Même succès pour le sketch de la fromagerie, dans lequel chaque variété demandée par Cleese est en rupture de stock, et à l'issue duquel le duo n'a pu se retenir de rire.

«C'était génial, mieux que prévu», se réjouissait David Mallinson, 48 ans, venu de Manchester avec ses deux fils. «J'ai les larmes aux yeux, l'atmosphère était incroyable».

«Le fait qu'ils aient oublié certaines de leurs répliques et ri à leurs propres blagues l'a presque rendu meilleur», abondait son fils de 17 ans, James.

Les Monty Pythons sont célèbres pour avoir proposé un nouveau type de comédie dans les années 1970 avec leur émission télévisée «Flying Circus» puis avec leurs films à succès La Vie de Brian et Sacré Graal.

Bien que leur dernier spectacle remonte à 1980, ils peuvent toujours compter sur des fans du monde entier et les billets pour la première des dix soirées se sont écoulés en 44 secondes.

Absurdités, sous-entendus sexuels et blagues à base de pets étaient comme prévu au rendez-vous mardi soir, mais l'armée, la justice et la religion en ont également pris pour leur grade.

La soirée s'est terminée avec un choeur massif sur Always look on the bright side of life (Prenez toujours la vie du bon côté), la chanson qui conclut La Vie de Brian, le film de 1979 inspiré de la vie de Jésus, qui avait fait scandale à sa sortie.

«Une fête complétement déjantée» 

Plusieurs fans s'étaient déguisés, en preux chevaliers tout droit sortis de «Sacré Graal» ou en habit religieux emprunté au sketch sur l'Inquisition.

Richard Hallier, cadre marketing de 39 ans vêtu en cardinal, disait avoir savouré chaque instant du spectacle.

«C'était vraiment bien, même si ça s'est fini trop vite. Heureusement, j'ai réservé deux autres soirées», s'est-il félicité auprès de l'AFP.

Le fait que les Rolling Stones du rire se réunissent aussi parce qu'ils ont besoin d'argent n'était absolument pas abordé mardi soir. Ni la confession faite lundi par Palin qu'il était essoufflé après seulement dix minutes de répétition.

Reste à tenir la distance sur dix spectacles jusqu'à l'ultime représentation du 20 juillet, une «fête complètement déjantée», diffusée en direct dans les cinémas du monde entier et dont les droits TV ont été vendus jusqu'au Yemen et en Afghanistan.

«On pourra dire au revoir aux gens. Personne n'a jamais l'occasion de faire ça, les Beatles n'ont pas eu droit à un dernier spectacle», a rappelé Eric Idle avant le show.

Baptisé One Down, Five to Go (Un à terre, cinq prêts à y aller), le spectacle constitue aussi un hommage au sixième membre de la troupe, Graham Chapman, mort en 1989 d'un cancer de la gorge.

«Le meilleur d'entre eux est mort il y a des années déjà», a lancé Mick Jagger dans un petit clip de promotion plein d'auto-dérision et parfaitement dans le ton des Monty Pythons. «Je veux dire, a-t-il ajouté, qui veut vraiment les voir encore? Cette bande de vieillards ridés voulant revivre leur jeunesse et faire des tonnes d'argent».