En redonnant ses lettres de noblesse au spectacle de variétés, La perle blanche aspire à recréer au Rialto l'élégance des années folles.

Quand le Rialto a ouvert ses portes, il y a 90 ans, l'Occident vivait ses premières années folles. Chapeaux cloches, paillettes et sequins étaient les ornements fétiches de la mode féminine qui permettait enfin aux élégantes de montrer de la jambe. La musique de jazz montait de la Louisiane et ses rythmes nouveaux pointaient à leur tour vers la libération des corps avec toutes sortes de danses «endiablées».

De par le monde, les capitales adaptaient aux goûts locaux le programme des cabarets de Berlin, métropole de toutes les avant-gardes où, devant la belle société du temps, se côtoyaient poètes, effeuilleuses et autres contorsionnistes.

Avec son cabaret La perle blanche, qu'il présente jeudi pour la deuxième fois, David Poulin rêve de recréer au Rialto, sur la scène et autour, l'atmosphère de cette grande époque. «Beaucoup de gens veulent retrouver l'élégance et le chic des grandes sorties», dit ce directeur de production des projets spéciaux du Cirque du Soleil où la règle est simple: pas de «woops!»... «Je veux que les clients aient la certitude, quand ils viennent à La perle blanche, de voir un spectacle de qualité.» Qualité assurée ici en tête d'affiche par la présence de la chanteuse de jazz Karen Young, «une voix qui en cache mille»; le reste doit être à l'avenant.

Et David Poulin de parler de variétés au sens classique, noble, du terme. Qualité... Jeudi, la soprano Marie-Claude L'Heureux chantera trois arias et sera suivie d'un pot-pourri de trucs de cartes du champion magicien Marc Trudel. Conseil: n'invitez pas ce monsieur à votre table... de poker. Un peu de cirque - on est à Montréal - avec le rolla bolla (planche sur cylindre) de Phil d'Ariane avant un numéro de marionnettes de Serge Deslauriers et Enock Robin (celui de Canal Vie, oui). Le seul numéro de la soirée dont la musique est enregistrée, précise David Poulin, très fier de l'orchestre maison de La perle blanche, un ensemble de sept musiciens dirigé par le pianiste Frédéric Desroches.

«On veut aussi ajouter un peu de mystère et de piquant...» Ainsi les marionnettes précédemment mentionnées sont-elles du type drag queen... Quand, par ailleurs, il parle de burlesque, David Poulin n'évoque aucunement les blagues à double sens d'Olivier Guimond ou de la Poune mais bien le «nouveau» burlesque, appellation moderne de strip-tease, art centenaire. Dans le genre, croyez-en La Presse, BonBon Bombay propose une approche hautement personnelle du métier d'effeuilleuse.

Ensuite, place à la danse! «Comme d'autres grandes villes, ajoute David Poulin, Montréal vit le renouveau de la danse swing et le Rialto compte parmi les lieux de rendez-vous des amateurs du genre.» Après la démonstration des étoiles du Studio 88 Swing, jeudi, tous les danseurs pourront se lancer sur la piste pour un fox-trot ou un shag, au son de l'Early Jazz Band du clarinettiste Jean-Sébastien Leblanc.

Pour son concepteur, La Perle blanche, c'est le concept total de la grande soirée au cabaret. On va du maître d'hôtel un peu déjanté (le mime James Kaylon) à la «MC» aux multiples talents (Soizick Hébert qui est aussi metteuse en scène), en passant par la cigarette girl, métier disparu avec la fumée des cabarets. Restent le chic, la musique et le rêve.

Le cabaret La perle blanche, le jeudi 4 avril, à 20 h 30, au Rialto, 5719, avenue du Parc; dîner à 18h30. Info: www.theatrerialto.ca