Hirsute et névrosé, tel est le personnage que François Bellefeuille a développé ces dernières années, et qui lui a valu les prix Découverte Juste pour rire en 2010 et Découverte au gala Les Olivier l'an dernier. Mais pour cet ex-vétérinaire qui s'est converti à l'humour, l'heure est venue de passer de la «relève» au premier one-man-show. Ce sera bientôt chose faite, puisque l'humoriste est en pleine création de son spectacle, qu'il rodera à compter du mois d'août avant de le présenter officiellement en février 2014 au Monument-National.

Q : Comment passe-t-on de vétérinaire à humoriste? Est-ce que cela a inquiété ta mère?

R : Oui! Surtout que les premières années, c'est difficile. On n'est pas bon à sa première session à l'École nationale de l'humour et même en finissant! En humour, on en a toujours à apprendre. Mais j'arrive à un moment où je me sens à l'aise. J'ai vécu les grandes foules, et il n'y a plus grand-chose qui me fait peur, la confiance est là. J'étais bon à l'école, je suis allé naturellement vers les sciences et la médecine vétérinaire, et c'est précisément là que j'ai eu la piqûre de la scène, parce qu'on organisait des spectacles chaque session. J'animais, je faisais des monologues, des sketches, et les gens me donnaient de bons commentaires. Ça m'est resté dans la tête et je n'ai jamais pu oublier ça. C'est à 29 ans, quand ça faisait six ans que j'étais vétérinaire, que j'ai décidé de m'inscrire à l'École de l'humour. Et aujourd'hui, ma mère est très contente...

Q : Tu fais la première partie de Louis-José Houde. Qu'est-ce que ça t'apprend de le voir travailler?

R : Énormément de choses. Il vit la vie que j'aimerais pouvoir mener dans les prochaines années. Je vois comment il gère son énergie, parce qu'une tournée, c'est quatre spectacles par semaine. C'est comme un athlète, je suis exposé à une machine très bien huilée.

Q : En entrevue il y a trois ans, tu nous disais que ce que tu trouvais le plus difficile était de percer. Depuis, tu as reçu plusieurs prix de la relève. Est-ce que ça aide?

R : Pour le public, je ne pense pas. C'est plus une reconnaissance du milieu. Ce que j'ai dit il y a trois ans venait plus de la frustration de l'artiste qui passait du comedy club à une foule! En fin de compte, c'est l'expérience de la foule qu'il faut acquérir et il faut que ce soit très clair, ce qu'on propose. En humour, il faut savoir se démarquer. Au début, je me démarquais beaucoup, parce que mon personnage était désagréable à l'extrême. Il y a des gens qui trouvaient que c'était trop. Avec le temps, je l'ai rendu moins agressant, plus drôle, sans perdre l'essence du personnage.

Q : Parce que oui, tu joues avant tout un personnage.

R : Tout le monde en humour a un personnage, selon moi, même Louis-José Houde. C'est juste que son personnage est très près de lui. Mon personnage, c'est le plus drôle de moi, mais je suis beaucoup plus éloigné. Ça ne m'intéresse pas de faire plusieurs personnages, je veux en faire un seul, mais lui donner énormément de couleurs, qu'il soit une personne à part entière. Au début, il était plus «rentre-dedans», on me disait que je ne pourrais jamais faire 45 minutes avec lui, mais j'ai testé un spectacle d'une heure et les gens sont agréablement surpris.

Q : Quels seront les thèmes de ce spectacle?

R : Beaucoup de mes numéros sont passés dans les galas. Alors j'essaie d'avoir le maximum de nouveau matériel, je suis en pleine création en ce moment. On va en apprendre un peu plus sur lui, sur son entourage, et c'est en le connaissant mieux qu'il va vraiment pouvoir dire ce qu'il pense du monde. On s'entend, c'est du rêve. C'est inspiré de ma vie, mais ce n'est pas moi. J'apprends à connaître le personnage en même temps que le public parce que je suis en train de lui écrire une vie, comme dans un roman.

Q : Es-tu un névrosé?

R : Oui, mais moi, j'ai la chance de pouvoir me défouler sur scène, contrairement à ceux qui gardent ça en dedans!

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Les billets pour le spectacle de François Bellefeuille sont déjà en vente. Pour en savoir plus: www.francoisbellefeuille.com.