La Ligue nationale d'improvisation (LNI) entame cette semaine sa 35e saison. Un exploit considérant le peu de moyens de cette ligue d'improvisateurs chevronnés, menée par le tandem formé d'Étienne St-Laurent et François-Étienne Paré, qui attire une moyenne de 20 000 spectateurs par saison. Conversation sur le thème de l'improvisation.

Année après année, ils sautent dans l'arène. Avec tout le courage nécessaire pour se prêter au jeu à la fois cruel et grisant de l'improvisation.

Cette année encore, on retrouvera des joueurs vedettes comme Laurent Paquin, Réal Bossé, David Savard ou Christian Vanasse. Mais il y a également des joueurs plus discrets, qui sont de redoutables improvisateurs. Qu'on pense à Sophie Caron, Virginie Fortin. Ou encore à François-Étienne Paré, directeur artistique de la LNI depuis cinq ans, qui entame sa 15e saison à titre de joueur, et qui a remporté quatre coupes Charade!

«J'ai toujours ressenti un bien-être immense en faisant de l'impro, nous dit le comédien et animateur, qui estime que le jeu créé par Robert Gravel et Yvon Leduc a peu changé au cours des 35 dernières années. «On est un peu conservateurs à la LNI... Peut-être par respect pour Gravel et Leduc, dit-il, mais en même temps, ils ont bien travaillé. Le jeu est demeuré le même, les règles aussi, tout comme la composition des équipes avec une parité hommes-femmes.»

Évolution

«On dit souvent que le jeu s'est accéléré depuis 35 ans, poursuit François-Étienne Paré, et c'est peut-être vrai, mais je crois que c'est l'expérience des joueurs qui a changé. Les comédiens maîtrisent bien la mécanique de jeu, comment faire une ellipse de temps, les joueurs sont aujourd'hui plus efficaces. Avant, il y avait quelques joueurs de premier plan et beaucoup de seconds rôles. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les joueurs sont tous capables de jouer un rôle de premier plan.»

Depuis deux ans, le nombre de joueurs par équipe est passé de 6 à 4, ce qui augmente le «temps de glace» des joueurs qui ont tous «l'étoffe des premiers». Il faut voir ces matches d'impro pour se rendre compte du défi qu'ils ont à relever. Car il est pratiquement impossible de se préparer... «Il faut une bonne culture générale, il faut bien connaître son répertoire de théâtre, mais il faut aussi une bonne culture populaire.»

Entendu. Mais qu'est-ce qui fait la force d'un joueur? «Ça prend bien sûr un talent de comédien, répond François-Étienne Paré, mais les meilleurs improvisateurs sont ceux qui sont capables de créer et de raconter des histoires, de les faire durer parfois pendant 20 minutes. Il faut aussi avoir un point de vue sur ce qui se passe dans le monde. Parce que l'impro est un espace de jeu, mais aussi un espace de parole. Il faut avoir quelque chose à dire.»

Pour le directeur artistique de la LNI, il n'est pas question que les soirées d'impro deviennent des spectacles de variétés. «Un de mes objectifs est de m'assurer qu'il y ait une variété de tons dans nos propositions. Des univers aussi différents que dans une saison théâtrale. Les thèmes imposés vont bien sûr orienter le ton d'une impro. En même temps, chaque sujet peut être joué sur différents tons. L'intérêt est dans ce mélange des genres.»

Match des étoiles

L'intronisation de Claude Legault au Stade olympique, au mois de juin dernier, a donné le coup d'envoi des activités prévues pour marquer les 35 ans de la LNI. Mais plusieurs autres suivront au cours de cette nouvelle saison qui se déroule du 17 février au 12 mai. Entre autres avec le Match des étoiles le 22 avril. Mais aussi avec l'intronisation d'une équipe complète, pour qui le public votera sur le site de la LNI.

On le sait, la LNI a fait des petits au fil des ans. Le jeu est maintenant pratiqué dans une trentaine de pays. À la fin du mois de mars, un détachement de la Ligue fera une tournée dans une douzaine de villes de France. Le jeu a même été adopté dans d'autres disciplines comme le cirque, qui organise depuis quelques années des soirées d'Impro Cirque.

«C'est vrai que l'impro s'est répandue dans plusieurs sphères d'activité, nous dit François-Étienne Paré. Mon rêve serait de créer un Festival des arts improvisés, qui regrouperait toutes les disciplines artistiques!»