Le premier spectacle solo de Jeremy Demay, dont la première montréalaise aura lieu le 7 mai, s'intitulera Ça arrête pu d'bien aller! et c'est Mike Ward qui en signera la mise en scène, a appris La Presse. Les deux humoristes aux styles bien différents expliquent les raisons de leur association.

C'est connu, Mike Ward est un humoriste cinglant à la langue trempée dans l'acide. Jeremy Demay, un Dijonnais qui vit au Québec depuis sept ans, est beaucoup plus mesuré. Ils se sont pourtant associés pour créer le premier solo du plus grand humoriste du Québec (1 m98), qui est aussi le plus français de nos comiques! D'où vient cette union?

«Il a demandé à [Stéphane] Rousseau et il ne voulait pas! plaisante Mike Ward. J'étais son quatrième choix!»

«La vérité, corrige Jeremy Demay, c'est qu'un soir où je mangeais chez Mikes, j'ai dit que je cherchais un metteur en scène. La blonde de Mike a dit qu'il serait peut-être intéressé. Et il a dit oui!»

Mike Ward a accepté la proposition parce qu'il trouve que Jeremy Demay est drôle et qu'il ne lui ressemble pas. «Je ne me serais pas vu mettre en scène quelqu'un qui fait du Mike Ward, et Jeremy est un peu mon opposé, dit-il. De plus, ce que j'ai vu de lui en avril au Cabaret du Mile End, à Montréal, sans metteur en scène, ça fait déjà un bon show

Comme l'affiche du show, que La Presse a vue en primeur (Jeremy Demay tout sourire en t-shirt blanc, les bras ouverts devant des arbres), le premier spectacle de l'humoriste sera à son image: pas de vulgarité et des textes qui parlent de bonheur et de bien-être. Un spectacle pour tous publics.

«Moi, j'aime beaucoup les p'tites madames! dit-il en riant. Mon style n'est pas d'insulter du monde; certains le font très bien! Je veux parler de la quête de soi, de la recherche du bonheur. Je m'inspire d'Yvon Deschamps. Je veux faire du bien. Je ne suis pas le dalaï-lama, mais je ne veux pas juste faire rire.»

Fort de 10 années de scène, Mike Ward lui fera profiter de son expérience: «Quand tu fais un premier show, tu es facilement influençable. C'est bien que Jeremy ait quelqu'un qui sache ce que c'est que de faire de la scène. On ne devrait pas le dire, mais chaque fois qu'on rencontre un producteur, je lui dis: «Tu sais, si le show n'est pas bon, ce n'est pas moi qui aurai l'air fou ni Juste pour rire, ce sera toi.»»

Tous deux travaillent donc fort pour que le spectacle soit prêt pour le début du rodage, le 18 janvier à Waterloo. Ils se sont associés aux auteurs Alexandre Douville, Gilles Cormier et Simon Delisle pour la script-édition. «Le premier travaille sur le fond, pour que mon humour laisse quelque chose aux gens, le second sur la forme et les gags et le troisième sur les punchs», dit Jeremy Demay.

Depuis l'ovation qu'il a reçue lors d'un gala Juste pour rire en 2010, le géant drôle a conquis bien du monde. Dans les bars partout au Québec et grâce à Facebook et à ses vidéos Demayrathon. Croit-il pouvoir percer avec son accent? «Qu'on soit Québécois, Français, de Shawinigan ou de Montréal, on a tous un point commun: on veut être heureux», répond-il.

«Le Québec est plus ouvert qu'avant, ajoute Mike Ward. L'internet y est pour beaucoup. De plus, la nouvelle génération d'humoristes français est drôle. Et puis Jeremy a travaillé ici; il a un sens de l'humour québécois. Un bon humoriste, tu ne vois pas sa race, tu embarques.»

Du coup, Mike a-t-il intérêt à ce que la carrière de Jeremy soit un franc succès? «Mon grand rêve, c'est de détruire la relève de l'humour un par un!, plaisante Mike Ward. Non, mais c'est vrai que ce spectacle va être un vrai feel good show

Photo: Stéphane Najman

L'affiche du spectacle de Jeremy Demay.