À mi-chemin entre le stand-up et l'exercice de contrition publique, Undisputed Truth, le spectacle de Mike Tyson sur Broadway, se révèle tout à la fois troublant et fascinant. S'il n'est pas un grand conteur, l'ex-boxeur a assurément une grande histoire entre les mains: la sienne.

«Pour ceux qui l'ont oublié, je suis celui qui foutait des raclées aux enfoirés.» Il est 20h15 et Mike Tyson vient d'entrer sur la scène du Longacre, un élégant théâtre de Broadway. Il n'a pas fini sa phrase que la salle entière l'ovationne comme s'il avait envoyé Evander Holyfield au tapis.

L'ancien boxeur est visiblement en terrain conquis pour sa première new-yorkaise en ce mardi soir. Dans les premiers rangs, il y a ses amis rappeurs 50 Cent et Kanye West, venus le soutenir. Au 36e balcon, il y a ses plus ardents partisans qui ont cassé leur tirelire pour venir voir leur héros (les places valent de 85$ à 300$).

Sauf qu'un spectacle sur Broadway n'a rien d'un match de boxe. Zézayant quelque peu, l'ancien champion poids lourd a l'air d'un poids plume sur scène. On se demande même comment il va pouvoir maintenir l'intérêt des spectateurs pendant deux heures.

Puis les premières images liées à sa vie apparaissent derrière lui sur un écran géant, notamment un gros plan de sa mère. C'est la seule photo que l'ex-boxeur possède d'elle. «Je ne sais pas grand-chose de ma mère, sauf qu'elle buvait beaucoup», lâche Tyson.

Sa mère était une prostituée. Son père était un pimp; il a plié bagage lorsque son fils avait 2 ans. Enfant grassouillet à la voix haut perchée, Mike Tyson n'a pas tardé à devenir un dur à cuire de Brooklyn. À 13 ans, il avait déjà été arrêté à plus de 30 reprises!

À défaut d'être spectaculaire, son show, mis en scène par Spike Lee, table sur la franchise. Le boxeur s'y dévoile sans artifice. Il touche à tout: ses hauts, ses bas, sa jeunesse, ses trois mariages, sa condamnation pour viol, la cocaïne, les prostituées, sa conversion à l'islam, la mort de sa fille...

Sa vie est assurément un tourbillon dans lequel il est difficile de ne pas se laisser emporter. Surtout, l'ex-boxeur se présente comme un come-back kid, un repenti. Il est après tout un végétalien qui essaie de devenir un bon père de famille pour les sept enfants qui lui reste.

S'il cabotine, il sait aussi se montrer émouvant. Particulièrement quand il parle de la mort de sa fille, Exodus, ou de son mentor, l'entraîneur de boxe Cus D'Amato, qui l'a pris sous son aile, ado, et lui a permis de devenir le plus jeune champion poids lourd de l'histoire.

Ce deuxième «père», Blanc et ronchonneur, l'ex-boxeur le porte visiblement dans son coeur. Ce qui n'est évidemment pas le cas de tout le monde. Il ridiculise ainsi avec un plaisir évident son ex-promoteur, Don King, ou son ex-femme, l'actrice Robin Givens. «Je suis sûr qu'elle va trouver un moyen de relancer sa carrière grâce à mon spectacle sur Broadway», dit-il, hilare.

Écrit par sa femme actuelle, Kiki Tyson, ce spectacle présenté pour 12 soirs seulement ne marque sans doute pas la naissance d'un grand acteur, mais il révèle assurément que le grand boxeur n'a rien perdu de sa combativité.